En finir avec les amputations abusives
À la suite du séisme qui a dévasté Haïti il y a quatre ans, «beaucoup de gens se sont fait amputer par manque de soins», explique Diandine Émile.
Au total, plus de 5000 Haïtiens ont perdu un membre, selon l’organisme Handicap international.
«Du jamais-vu. Des amputations par milliers. À la chaîne. Bras, mains, doigts, jambes. Sans radio préalable. Parfois sans anesthésiques ni antalgiques», décrivait Annick Cojean, l’envoyée spéciale du quotidien français Le Monde.
«En Haïti, il y a une pénurie de médecins, alors quand il y a des événements naturels, il faut faire venir des étrangers pour prendre en charge les opérations. S’il y avait des gens formés sur place, on pourrait sauver des vies et des membres», explique Johnson Deshommes.
AMPUTÉS POUR UNE FRACTURE
Faute de ressources, dans les jours qui ont suivi le séisme, on a pratiqué une véritable médecine de guerre sous des tentes de fortune, à la lueur des lampes frontales et même à ciel ouvert.
«J’ai vu des fractures simples de bras traitées par l’amputation alors qu’on aurait pu les répa- rer», se désolait dans Le Monde le Dr François-Xavier Verdot, chirurgien orthopédiste pour l’organisation Pompiers humanitaires français.
«Les gens sont des profanes. Ils ne connaissent rien ou si peu de chose du corps humain», souffle Diandine Émile.
GÉNÉRATION D’INFIRMES
La plupart des amputés mènent aujourd’hui une vie de paria dans un pays où les invalides sont encore traités comme des citoyens de seconde zone.
On les appelle d’ailleurs les «kokobés» en créole, c’est-à-dire les «bons à rien» en français. Beaucoup n’ont d’autre choix que de vivre dans la rue, 98% de tous les bâtiments logeant les personnes handicapées ayant été détruits par le séisme.
En choisissant la médecine, Diandine Émile et Johnson Deshommes espèrent éviter qu’une prochaine catastrophe ne crée une autre génération d’infirmes.