Le Journal de Montreal

L’extorsion web à caractère sexuel prend de l’ampleur

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Le Québec vit une recrudesce­nce des extorsions sur le web depuis le début de l’année, alors que des dizaines de personnes ont avoué avoir posé des gestes à caractère sexuel devant une webcam.

Seulement à Québec, la Sûreté du Québec (SQ) a reçu 65 plaintes d’extorsions provenant du réseau social Facebook depuis janvier 2014. Chaque fois, c’est la même histoire. Une fille dans la vingtaine entre en contact avec l’homme et lui propose de la joindre sur Skype. Après discussion, elle propose à l’homme de montrer son pénis. L’homme s’exécute avant de se faire menacer d’être exposé sur le web.

«Tous ces dossiers ont abouti au Centre antifraude du Canada», a mentionné Pierre Poirier, porte-parole du Service de police de la ville de Québec (SPVQ).

Selon le SPVQ, les suspects se trouvent en Côte d’Ivoire, alors l’enquête doit se faire en Afrique. «Si on avait une adresse I. P qui provenait du Canada, ça serait beaucoup plus simple d’agir avec la loi fédérale.»

CONFIANCE

Hier, un Montréalai­s qui a joint Le Journal a admis s’être lui aussi fait hameçonner par une fille il y a trois semaines. Il a plongé, principale­ment parce qu’il avait rencontré sa dernière amoureuse de la même manière.

«Elle m’a dit qu’elle avait 23 ans et qu’elle était coiffeuse [...] Je suis allé jusqu’au bout. J’ai pris une photo d’en bas, mais je n’ai même pas défait mes pantalons. Un pourriel est tout de suite apparu sur YouTube et sur le Facebook des gens de ma famille», a expliqué Jo. Il relate que la fille a ensuite tenté de le faire chanter, lui demandant de déposer beaucoup d’argent dans un compte africain. Il trouve que Nelson a été très courageux de témoigner dans Le Journal hier. Un phénomène qui touche beaucoup plus de monde avec l ’ avènement du web, croit-il.

PAYS ÉTRANGERS

La SQ n’a pu préciser au Journal le nombre de cas du genre qui se produisent dans une année. Toutefois, l’enquête pour résoudre six cas d’extorsion du genre dans Lotbinière ne fait que débuter, indique d’ailleurs Richard Gagné, porte-parole de la SQ. «De ce typelà, officielle­ment, je n’avais jamais vu ça. L’enquête commence.»

Selon M. Gagné, les extorsions sur le web peuvent provenir de n’importe quel endroit dans le monde, pas seulement de la Côte d’Ivoire. « Lorsqu’on fait des recherches, on se rend compte que les serveurs sont à l’extérieur du pays. Par contre, ce qu’ils ne savent pas, c’est que nous avons plusieurs ententes avec des pays, ce qui fait en sorte que ces enquêtes peuvent aboutir», assure M. Gagné. «Il y a quelques cas qui laissent des traces qui pourraient faire avancer l’enquête.»

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