Le Journal de Montreal

Comment devrais-je faire?

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com Mario

Après vous avoir confié il y a quelque temps ainsi qu’à des amis que j’étais asexué, j’ai ressenti une grande libération. Même si j’avais une peur bleue de cela, vous m’avez tous convaincus de consulter. Dès le début, la psychologu­e m’a fait savoir que je n’étais pas asexué par hasard, qu’il y avait quelque chose en dessous de ça, dans un tiroir bien fermé de mon subconscie­nt qu’elle a réussi à ouvrir dès notre deuxième rencontre quand je me suis rappelé d’un évènement qui s’était passé quand j’avais six ans. Elle avait raison de dire que je repoussais certaineme­nt ce souvenir, car ça m’a fait paniquer quand il m’est revenu en mémoire. Je frissonnai­s de peur et je n’ai pas arrêté de pleurer de toute la journée ensuite.

L’évènement en question s’était reproduit plusieurs fois sur la courte période de l’été de mes six ans. Je commencera­i par vous dire que je n’ai jamais été proche de mon père à cause de sa violence et de sa consommati­on d’alcool, et que ma mère avait peur de lui et n’osait jamais le contredire. Cet été là comme d’habitude, j’avais mal agi et j’ai eu droit à une raclée. Mais cette foislà comme je ne voulais pas pleurer, ma mère, après avoir dit « Ha, ha! Il veut faire son plus fort! », m’a dévêtu complèteme­nt sur le champ et a dit à mon père « Tiens, tu vas lui rougir les fesses! »

J’ai ressenti une telle honte de voir mon intimité ainsi violée. Encore aujourd’hui au moment d’écrire ses lignes, j’en ai mal au ventre, je frissonne et je pleure. Puis mes parents ont répété l’exercice chaque fois que mon père perdait patience durant ce même été. Par la suite je n’ai plus jamais été capable d’être physiqueme­nt proche de mes parents. Même leur odeur et leurs rires me répugnaien­t. De là selon la psychologu­e, viendrait le dégoût que je ressens pour la chose sexuelle, que ce soit avec une femme ou avec un homme. Elle souhaite que j’aille plus loin dans le déballage de cette affaire pour m’en libérer et faire face à ma famille. Croyez-vous que ce soit absolument nécessaire? Je sais que pour mes deux frères et ma soeur qui ont été des témoins silen-

Pensée du jour C’est ouvrir une digue qu’entamer un procès. – Ancien Testament

cieux, ça va créer du stress, peutêtre même du déni, et ça va causer des chicanes. Comme j’ai appris à vivre avec ma souffrance, quitter ma zone de confort juste pour guérir de ma dépression en vaut-il la peine?

JusÐe par peur de déran er la famille vous voulez refuser d’aller plus avanÐ avec la psycholo ue, alors que l’objecÐif d’êÐre mieux avec vous même eÐ dans voÐre vie devraiÐ vous moÐiver dans le choix à faire? Plus vous aller Ðarder à a ir pour vous, plus lon eÐ plus difficile sera le chemin pour sorÐir de la dépression.

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