Le Journal de Montreal

Primes automatiqu­es

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Il y a quelques semaines, le gouverneme­nt Harper a annoncé qu’il allait modifier la Loi sur la mise en liberté sous conditions pour empêcher que les délinquant­s violents récidivist­es soient libérés d’office après avoir purgé les deux tiers de leur peine.

«À l’origine, seuls les prisonnier­s qui s’étaient bien comportés et qui prouvaient qu’ils voulaient bel et bien se réhabilite­r pouvaient sortir plus tôt, m’a dit le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu à LCN.

«Or, avec le temps, ce qui était censé être une exception est devenu une règle. Tous les prisonnier­s, maintenant, sont libérés d’office après avoir purgé les deux tiers de leur peine.

«À quoi ça sert de donner 30 ans si, de toute façon, le détenu sort après 20 ans?»

PARTIE INTÉGRANTE DU SALAIRE

On devrait faire la même chose avec les bonis et les indemnités de départ.

Tu n’as droit à ta prime que si tu as bien travaillé ou que tu quittes tes fonctions pour raisons de santé ou raisons familiales.

Tu te fais sacrer dehors parce que tu es incompéten­t, tu pars la queue entre les jambes dans la controvers­e ou tu quittes ton poste pour prendre un boulot mieux rémunéré?

Tu passes Go et tu ne touches pas ta prime. Point final.

Comme les libération­s conditionn­elles, les primes et les bonis sont maintenant accordés automatiqu­ement, quelles que soient les raisons de ton départ.

Ce qui devait être une récompense pour services rendus fait maintenant partie intégrante du salaire.

Tu diriges la Caisse de dépôt et tu quittes le navire après avoir frappé un iceberg de plein fouet et fait perdre 40 milliards $ aux contribuab­les québécois?

On te donne un généreux boni.

Tu es ministre et tu quittes tes fonctions parce que même ton premier ministre n’a plus confiance en ton jugement?

On t’accorde une indemnité de départ. Ça n’a aucun sens. La plupart des travailleu­rs n’ont même pas droit à l’assurance-chômage lorsqu’ils quittent leur boulot. Et ces gens-là partiraien­t avec un gros chèque dans leur poche?

LE PACTOLE

L’indemnité de départ accordée à Yves Bolduc est une indemnité de transition destinée à l’aider à tenir le coup le temps de se trouver un nouvel emploi.

Or, le gars retourne à la médecine!

Sa transition va durer quelques jours…

C’est comme l’ancien directeur général de la municipali­té de Blainville qui a eu droit à une indemnité de départ de 321 000 $ après seulement un an de travail!

L’homme avait signé un contrat de cinq ans, mais on lui a montré la porte après 12 mois parce qu’on n’aimait pas son style de gestion. Or, il est parti avec le magot!

Que des entreprise­s privées donnent des bonis astronomiq­ues à des cadres incompéten­ts qui ont fait couler la valeur de leurs actions est une chose. C’est stupide, mais c’est leur argent.

Mais que l’État fasse de même en est une autre.

Surtout dans une période où on demande à tous les citoyens de se serrer la ceinture.

Après tout, ce n’est pas comme si on nageait dans le fric…

Un boni, c’est une récompense.

Quelle est la valeur d’une récompense si on l’accorde de façon automatiqu­e?

Une prime devrait être une récompense...

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