L’islam et l’intégrisme, au-delà de l’événementiel
Devant les événements tragiques survenus dernièrement dans les bureaux de Charlie Hebdo , à l’épicerie cashère de Paris et à Copenhague, nous sommes interloqués, stupéfiés. Sous l’émotion sans doute, nous nous identifions spontanément aux victimes et clamons: «Je suis Charlie»! Lors des attentats du 11 septembre 2001 à New York, nous nous exclamions aussi: «Nous sommes tous Américains!» Bien sûr, cette soudaine solidarité identitaire, tous ne l’incarnent pas de la même façon ni pour les mêmes raisons.
Nous qui pensions vivre à l’abri des tempêtes guerrières, dans l’oubli de la tragédie humaine qui afflige une grande partie de la planète, les actes terroristes, qu’ils soient perpétrés à New York, Saint-Jeansur-Richelieu, Ottawa, Paris ou ailleurs dans le monde, nous obligent à regarder cette réalité en face.
Devant l’horreur, Alain Finkielkraut écrivait, suite aux attentats de 2001 à New York: «Il y a des limites qui n’émergent à la conscience qu’une fois franchies dans la réalité.» Bien sûr! Le sang ne coule pas à flots comme dans les grandes guerres dont nous prolongeons la mémoire. Mais nous ressentons le prix de chacune de ces vies perdues pour conserver la liberté d’expression, assurer la protection des droits de la personne et la neutralité de l’État à l’égard des religions, défendre l’égalité hommes-femmes, etc. Bref, tout ce qui nous semble des acquis de civilisation.
Ceux qui tuent au nom d’Allah s’attaquent à nos valeurs, ils défient tout «consensus juris». Qu’ils soient d’Al-Qaïda, de l’État islamique ou de Boko Haram — ou de toutes filières semblables qui se réclament du Coran —, ces islamistes radicaux sont souvent à l’origine et génèrent même cet amalgame qui est fait entre l’islam et le radicalisme musulman. Mais il ne faut point confondre l’islam avec ceux qui tuent par tous les moyens selon leur interprétation des prescriptions du Coran, ni avec ceux qui, subtilement, invoquent l’islamophobie ou les droits de l’homme, les conditions de pauvreté et d’exclusion pour excuser l’injustifiable.
Le terrorisme islamique vise l’instauration d’un régime totalitaire, une vérité qu’il nous faut avoir le courage de confronter. Dans l’entrevue que Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo , accordait à la chaîne NBC le 18 janvier dernier, il apporte un éclairage où tout s’ordonne et prend une signification à cet égard: «Si la foi, si le discours religieux descend de la politique, il devient un discours totalitaire, c’est de ça dont nous protège la laïcité.»
Le terrorisme religieux existe. Avant l’heure, Hannah Arendt en avait cerné les