Quand l’enseignement devient roman
Stéphane Boulé — À l’ombre des feuilles
Dans son premier roman destiné aux lecteurs adultes, Stéphane Boulé, enseignant dans une école secondaire de la région de Québec, table à la fois sur son expérience professionnelle et sur son goût pour la randonnée en forêt pour raconter une histoire où la réflexion et l’introspection comptent beaucoup.
Menacé de mort et désavoué, Mikaël Langevin, un jeune enseignant, songe à tout quitter lorsqu’il fait la rencontre d’un professeur retraité. Devenu traducteur, l’homme accepte de l’accompagner dans ses randonnées en forêt. Cet été-là, les aventures et l’introspection vont s’entrecroiser, un peu à la manière des différents sentiers qui sillonnent la forêt ancienne du mont Wright, au nord de Québec, dont il est question dans le roman.
Le premier roman pour adultes de Stéphane Boulé est né grâce à un espace libre dans son horaire d’enseignant. Ce jour de liberté lui a permis de poursuivre des études à la maîtrise à l’Université Laval et de suivre un cours d’écriture de fiction.
LES PREMIÈRES IMAGES
La rencontre de l’écrivain Alain Beaulieu a été déterminante: dans le cours d’écriture de fiction, le projet principal du cours était l’écriture d’un début de roman. «Alain tenait à ce qu’on écrive sans plan — qu’on se laisse porter par les premières images qu’on avait en tête et qu’on essaie ensuite de donner du sens à tout ça, explique Stéphane en entrevue. La première qui m’est venue en tête, c’est celle d’un conflit entre un enseignant et son directeur. Comme enseignant, j’ai de la personnalité, mais j’ai toujours eu de très bonnes relations avec mes directeurs.»
«Comme ce n’est pas une écriture qui était planifiée, c’est mon travail qui est ressorti, des situations des dernières années qui ont refait surface, que j’ai par la suite complètement transformées. À part la carrière du personnage principal, qui est prof de français au secondaire, il n’y a rien qui rejoint ma vie. Il n’y a rien d’autobiographique dans le roman.»
UNE PART D’INVENTION
Il y a une part d’invention, mais une part de son univers personnel est devenue celle de Mikaël Langevin. «J’ai vraiment exagéré des choses. J’ai eu un beau parcours d’enseignant, une belle carrière. Je n’ai jamais vécu de drame dans mon travail.»
Par contre, il a rencontré des profs qui ont vécu des situations difficiles, et ces histoires sont restées gravées en lui.
«Comme enseignant, la semaine, on est super-sollicités, et j’ai besoin de me calmer. L’écriture m’apporte ça. L’aspect invention, création, a un effet ressourçant pour moi. Écrire, ça a été un charme. Mais c’est également du travail.»