Cheminement vivant pour mieux vivre
Frédéric Lenoir — Du bonheur, un voyage philosophique
Le philosophe français Frédéric Lenoir, auteur de nombreux livres à succès portant sur la spiritualité, dont les fameux Coeur de cristal et
L’âme du monde , a examiné le bonheur d’un point de vue philosophique dans son nouvel opus, Du bonheur, un voyage philosophique .
Frédéric Lenoir, un chercheur passionné, ouvert sur le monde et sur les autres cultures, explorateur des grands courants de spiritualité et spécialiste des religions, s’est demandé ce qu’était le bonheur, de quoi il dépendait et comment le découvrir, dans cet ouvrage intéressant et accessible.
«Le bonheur, c’est un mot très usé, très utilisé, sans qu’on sache vraiment ce que c’est que le bonheur», fait-il remarquer en entrevue, lors de sa visite au Québec. «Beaucoup de gens confondent le plaisir et le bonheur, le bonheur et la joie. J’avais envie de m’emparer de ce mot qu’on utilise tout le temps, y compris d’ailleurs de la pire manière qui soit, c’est-à-dire dans la publicité.»
COMPRENDRE VRAIMENT
Il a décidé d’étudier philosophiquement la question, pour essayer de comprendre vraiment ce que c’est que le bonheur. «Qu’est-ce qui distingue le bonheur du plaisir? Est-ce que le bonheur, ça existe vraiment? Est-ce qu’on peut être durablement heureux? Quelles sont les conditions du bonheur? Est-ce que le bonheur est le même pour tous? Est-ce qu’on peut être heureux et souffrir en même temps ou si c’est impossible? Est-ce qu’il y a des conditionnements génétiques au bonheur? Est-ce qu’on est heureux parce qu’on a un tempérament heureux ou est-ce qu’on peut le devenir si on n’a pas un tempérament heureux?»
À TRAVERS LES CULTURES
Son voyage l’a mené aux côtés d’Aristote et d’Épicure, de Montaigne, du Bouddha, de Spinoza, de Tchouangtseu, de manière à faire un vrai tour d’horizon de la question du bonheur à travers les âges et les cultures. «J’ai invité dans ma réflexion non seulement les philosophes, mais aussi les grands sages d’Orient, qui ont beaucoup de choses à nous dire là-dessus.»
Il a aussi examiné ce que la psychologie positive et les scientifiques avaient à dire à ce sujet. «Je trouve que, dans tous ces domaines, on peut avoir une approche du sujet qui est complémentaire et, souvent, ça s’enrichit mutuellement. J’ai eu envie d’avoir ce discours global sur le bonheur.»
ÉTAT D’ESPRIT
Ses conclusions? «Dans mon expérience, ce que j’ai compris, c’est que le bonheur est essentiellement intérieur. C’est un état d’esprit, un regard qu’on porte sur la vie. Ce qui fait qu’on peut être heureux tout en ayant des difficultés, des moments de tristesse, de souffrance physique. On peut avoir une maladie sans forcément perdre ce que j’appelle la sérénité ou la paix intérieure.»
«Si on est en paix avec soi-même, avec les autres et avec le monde, on pourra toujours être heureux d’une certaine manière, quels que soient les difficultés de la vie, les hauts et les bas. On n’est jamais dans un même état de vie: il y a toujours des événements impondérables qui ne sont pas forcément agréables.»
La clef philosophique du bonheur, à son avis, est d’arriver à ne plus dépendre uniquement des événements extérieurs. «On peut être heureux à la fois quand son boulot marche bien et toujours quand on perd son boulot. Et, pour ça, il faut avoir une pratique de ce que j’appelle le lâcherprise: ne pas se cramponner à ce qu’on a, ce qu’on possède, aux personnes avec qui on est. Il faut avoir une acceptation de la vie comme elle est. Et pas comme on voudrait qu’elle soit.»