Le Journal de Montreal

Personne ne doit se laisser abuser

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Pensée du jour La moindre tâche de la vie quotidienn­e participe à l’harmonie globale de l’univers.

– Sainte Thérèse de Lisieux

Comme vous le disiez Louise à ce papy et à cette mamy qui ne savaient pas comment agir pour faire comprendre à leurs enfants et à leurs conjoints qu’ils aimeraient pouvoir profiter un peu de leur retraite et ne pas toujours être obligés de garder leurs enfants et de leur rendre des services : « La liberté de la retraite vous l’aurez quand vous le déciderez! »

Et je leur dis : « Ce n’est pas du courage qu’il faut pour mettre un frein à l’esclavage que vous vivez mais de la déterminat­ion. En bref, quand vous serez déterminés à vous faire respecter, on vous respectera. C’est vous qui avez habitué vos enfants à cette dépendance en répondant oui à toutes leurs demandes. Ne soyez pas surpris qu’ils soient aussi égoïstes et comptent toujours sur vous. S’ils ne comprennen­t pas tout de suite vos raisons pour refuser désormais, ils les comprendro­nt bien quand ils seront eux-mêmes grandspare­nts.

Vous pensez à vendre votre maison, c’est déjà une bonne idée. Mais pourquoi ne pas envisage de vous exiler quelque temps? Comme la santé peut vous lâcher un jour, pourquoi ne pas prendre de grandes vacances à deux, minimum un moins, pendant que vous êtes encore capables? Surtout n’en avisez pas vos enfants avant, ils seraient capables de vous en dissuader. Rendus dans la jeune soixantain­e, n’est-ce pas un moment idéal pour vous gâter encore un peu?

Mon époux et moi avions fait un magnifique périple en amoureux aux États-Unis jusqu’en Floride il y a quelques années. J’en garde encore un si merveilleu­x souvenir que vous devriez penser à faire pareil, surtout qu’il semble d’après votre lettre, que vous en ayez les moyens. Pensez à aviser un voisin de surveiller votre maison, car vos enfants si exigeants soient-ils, risquent eux de n’avoir aucune disponibil­ités pour vous rendre des services durant votre absence.

Et au retour, prenez le temps de les réunir pour les aviser de « votre programme de disponibil­ités futures » pour le gardiennag­e de leurs enfants. Comme ils se seront certaineme­nt débrouillé­s pendant votre absence, ils n’auront qu’à continuer. Mettez votre pied à terre bon dieu! Exposez leur vos besoins s’ils sont incapables de comprendre vos désirs.

Ne pensez-vous pas que de vous voir plus épanouis et plus heureux en couple, ça devrait les rassurer? Vous mêmes quand ils étaient petits, les faisiez-vous garder par vos parents pour qu’ils aient pris d’aussi mauvaises habitudes? Ma méthode peut vous sembler drastique, mais il faut habituer vos enfants à ne plus compter sur vous si vous voulez retrouver votre liberté. Je suis moi-même grand-mère et mes enfants ont toujours respecté notre intimité à mon époux et moi du temps de son vivant. Et croyezmoi, c’est demeuré pareil depuis son décès. Quand on vieillit en bonne santé, il faut savoir en profiter. » Une grand-maman libre et aussi disponible

J’apprécie votre signature, car bien souvent quand on refuse de s’abaisser à n’être que l’esclave des autres, d’aucuns pensent qu’on veut les priver de toute forme de disponibil­ité et de toute volonté de leur venir en aide à l’occasion. Vous êtes détenteur exclusif de votre liberté, mais vous ne répugnez pas à aider quand le temps et l’énergie vous le permettent. Mais ce faisant, vous ne vous sentez et vous n’êtes l’esclave de personne.

J’espère que ces grands-parents comprendro­nt votre message qui va exactement dans le sens du mien. Mais j’ai souvent remarqué que les gens qui sont incapables de poser leurs limites souffrent d’une incapacité à dire leur vérité de peur de blesser, mais surtout de peur de perdre l’affection des leurs. Mais peut-on vraiment parler d’affection à l’égard de ses parents de la part d’un enfant que de l’obliger à répondre à tous ses désirs? Là est la grande question! Mais je suis consciente que l’amorce de tel changement risque de faire des vagues.

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