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Il a d’abord dit 1- qu’il ne s’en rappelait pas. Puis 2- que c’était une histoire inventée. Puis, six heures plus tard, 3- que c’était juste un petit pipi.
On a appris hier que c’était en fait: 1- un pénis sorti, 2- une masturbation en public et 3- un flirt avec un policier en civil.
Oui, hier, il a admis qu’il avait menti et il a présenté ses excuses. Mais pourquoi a-t-il si mal géré ce dossier? Pourquoi Legendre n’a-t-il pas, tout simplement, dit la vérité... dès le départ?
MAIS À QUOI A-T-IL PENSÉ ?
En 1995, Hugh Grant, archiconnu pour son rôle dans Quatre mariages et un enterrement , est arrêté à Los Angeles pour une histoire de sexe oral, dans son auto, avec une prostituée nommée Divine Brown.
Le comédien britannique n’a pas menti ou joué à l’autruche. À sa première apparition à la télé après les faits, dans une entrevue devenue célèbre, Jay Leno lui a demandé «What the hell were you thinking?» («Mais à quoi as-tu pensé?»).
Hugh Grant a répondu sans détour: «Je pense que dans la vie on sait ce qui est bien et on sait ce qui est mal, et j’ai fait quelque chose de mal. Et c’est ça qui est ça.»
Grant a ensuite fait le tour des intervieweurs, Larry King et autres, pour s’excuser. Ça a sauvé sa carrière. C’est une des plus brillantes stratégies de relations publiques des dernières années. Reconnaître les faits, faire face à la musique. Voilà ce que Legendre aurait dû faire, dès le début. Il aurait gardé un profil bas pendant un mois ou deux et, d’ici le prochain Bye Bye, on aurait tout oublié.
En plus, au Québec, on adore les victimes repentantes qui versent des larmes.
QUELQUES QUESTIONS…
Quatre millions de Québécois ont vu Joël Legendre faire ses géniales imitations dans le dernier Bye Bye .
Quand on est une personnalité que la moitié de la population a vue à la télé, va-t-on se sortir le moineau dans un parc de Longueuil?
Quand on a un visage archiconnu, on n’a pas peur que le premier venu sorte son cellulaire pour nous photographier les culottes baissées?
Joël Legendre a reçu une amende d’acte indécent en septembre: il savait depuis six mois que cette histoire pouvait faire surface à tout moment. Et il n’a pas eu le temps de penser à la réponse qu’il allait donner aux journalistes?
CHOISIR SES BATAILLES
Il s’est dit et écrit beaucoup de niaiseries au sujet de l’affaire Joël Legendre au cours des derniers jours.
Mais les plus grosses niaiseries faisaient mention d’homophobie.
Chaque fois qu’un gai ou une lesbienne se fait interpeller par la police, va-t-on entendre ces accusations?
La prochaine fois qu’une lesbienne, un gai, des bisexuels ou des transgenres se font arrêter pour excès de vitesse, alcool au volant ou impôts non payés, attention, les journalistes, n’en glissez pas un mot. Vous allez vous faire accuser d’homo-bisexo-transphobie.
Il y a des milliers de cas de vraie discrimination envers les minorités sexuelles, de la perte d’emploi à la violence physique. Il faut les dénoncer et les combattre.
Mais crier «homophobie!» chaque fois qu’un gai est dans l’eau chaude, ça n’aide pas la cause.