Elles auraient rejoint l’ÉI grâce à un informateur du Canada
Le Canada s’est retrouvé mêlé à un imbroglio international hier lorsqu’il a été révélé qu’un supposé espion à la solde du pays aurait aidé des adolescentes britanniques à joindre l’État islamique en Syrie.
Cette histoire qui frappe l’imaginaire remonte à la mi-février. Trois adolescentes britanniques âgées de 15 et 16 ans ont quitté Londres pour s’envoler vers Istanbul, en Turquie, avant de rejoindre les rangs de l’État islamique (ÉI) en Syrie voisine. Kadiza Sultana, Shamima Begum et Amira Abase auraient même volé des bijoux à leur famille afin de payer leur voyage.
Les jeunes filles auraient été aidées dans leur fuite par un homme qui serait actuellement détenu en Turquie, mais dont l’identité n’a pas été révélée.
Or, il s’agirait d’un agent des Services canadiens du renseignement de sécurité (SCRS), selon certains médias turcs.
INFORMATEUR ?
Toutefois, l’espion ne serait ni citoyen canadien ni un employé du SCRS, a appris notre Bureau d’enquête.
«Ce n’est certainement pas un agent», suppose Michel Juneau-Katsuya, expert en sécurité et qui a lui-même été agent pour le SCRS. Il est toutefois possible qu’il s’agisse d’un informateur basé à l’étranger. Il s’agirait alors d’une taupe qui gravite dans un milieu sur lequel les agents veulent des informations.
Le recours à des informateurs étrangers est une pratique courante au sein des agences de renseignement, explique-t-il. «Toutes les agences du monde perdent parfois des informateurs parce qu’ils ont fait quelque chose de louche. [...] On s’entend, si tu veux obtenir des informations sur des passeurs, tu ne vas pas faire affaire avec des enfants de choeur», souligne-t-il.
« EMBARRASSER »
Reste que le lien entre l’homme détenu en Turquie et le Canada n’a pas été démontré. Selon la Turquie, l’espion viendrait d’un pays de la coalition militaire contre l’ÉI, mais ne viendrait ni d’Europe ni des États-Unis. Les seuls candidats restants seraient donc le Canada, l’Australie et les pays arabes.
La Turquie, qui se fait parfois blâmer pour le nombre croissant de combattants terroristes qui transitent sur son territoire, s’est peut-être servie de cet incident pour «embarrasser» à son tour les agences étrangères, estime M. JuneauKatsuya.