Un Québécois à la tête d’un grand musée de Washington
NEW YORK | Nommé conservateur en chef d’un grand musée de Washington, le Québécois Stéphane Aquin vient de faire son entrée dans les hautes sphères de l’art contemporain aux États-Unis.
«Je sens la pression, c’est comme amorcer une nouvelle carrière. J’étais à New York la semaine dernière pour un grand show d’art et tous les galeristes me disaient: “On surveille ce que tu vas faire!”» dit Stéphane Aquin au bout du fil depuis son nouveau bureau à deux pas du Capitole.
Il vient d’entrer en poste en tant que nouveau conservateur en chef du Hirshhorn Museum, le musée national d’art contemporain des États-Unis. Il dirige maintenant six conservateurs.
«Je suis arrivé à Washington le 8 février et j’étais au travail dès le lendemain. C’était le branle-bas de combat. C’est très intéressant, c’est comme changer d’école, j’apprends à connaître l’équipe et le fonctionnement du musée», dit celui qui était conservateur de l’art contemporain au Musée des beauxarts de Montréal (MBAM).
Il a longuement hésité avant de quitter l’emploi qu’il occupait depuis 16 ans. Il a entre autres fait sa marque avec l’exposition Warhol Live en 2008.
«Au début, je n’étais pas trop sûr. J’étais heureux à Montréal, mais la directrice du musée, Melissa Chiu, a réussi à me convaincre et me recruter. Je lui ai dit que si elle voulait une superstar, je n’étais pas la bonne personne.»
SAVEUR POLITIQUE
L’univers politique de Washington risque d’influencer le choix de ses futures expositions. «Ce qu’on fait ici a une résonnance particulière, on est au coeur de la capitale, entourés d’ambassades, à côté du Capitole, c’est une position stratégique.»
Il prépare en ce moment une exposition sur l’influence de la guerre du Vietnam sur l’histoire de l’art américain.
Son nouveau rôle est aussi d’accroître la renommée internationale du musée.
«Les Américains connaissent l’importance du musée, mais en dehors, pas vraiment. Je veux changer ça.»
Il planifie ainsi de projeter des oeuvres d’art sur la façade du musée, de forme cylindrique. Un artiste montréalais a été approché à ce sujet.
MYTHE WESTERN
À 55 ans, Stéphane Aquin n’est pas à court de projets. Il a passé tout l’automne à parcourir l’Oklahoma, le Colorado, l’Arizona et le Nouveau-Mexique, en préparation d’une grande exposition qui sera présentée à l’automne 2017 au MBAM. «C’est un projet multimédia autour du cinéma et des origines du mythe western. Ça fait longtemps que je voulais faire ça.»
Fils de l’écrivain québécois Hubert Aquin, Stéphane Aquin a grandi à San Francisco avec sa mère. «J’en garde de très beaux souvenirs.»
Son arrivée à Washington est en quelque sorte un retour aux sources. «J’adore travailler avec les Américains», dit-il.