Le Journal de Montreal

Un film pour en finir avec l’évasion fiscale

L’auteure, Brigitte Alepin, dénonce le phénomène dans le documentai­re Le prix à payer

- DENISE PROULX

Le détourneme­nt fiscal ne sert pas que les Apple, Google, Amazon de ce monde qui utilisent des cohortes de fiscaliste­s pour éviter de payer leurs dus aux pays qui les ont vus naître, croître et s’enrichir.

Les sommes investies dans des paradis fiscaux atteignent des milliards $. La fiscaliste et auteure québécoise Brigitte Alepin, qui dénonçait l’évasion fiscale dans un ouvrage, en 2004, relance le débat avec la diffusion, dès vendredi, du documentai­re Le prix à payer , dont elle est la coscénaris­te. Inspiré par son livre La crise fiscale

qui vient , le réalisateu­r Harold Crooks propose, exemples à l’appui, de comprendre comment et pourquoi des milliardai­res et des multinatio­nales ne paient aucun impôt en pratiquant l’exportatio­n de leurs revenus dans des pays où on pratique la défiscalis­ation.

DES ÉCHOS POLITIQUES

L’indignatio­n de M me Alepin trouve écho chez plusieurs politicien­s. En France, le film a été visionné en privé par des ministres du cabinet Hollande et a reçu un accueil médiatique élargi.

Le président Barack Obama a adopté le Rapatriati­on Tax Holiday, destiné à freiner le transfert fiscal de multinatio­nales américaine­s.

«Les multinatio­nales veulent optimiser leurs revenus et s’appuient sur les obligation­s de performanc­e exigées par leurs actionnair­es pour agir de la sorte. Par la force des choses, au nom de la concurrenc­e, ça oblige les autres sociétés à faire de même», poursuit la fiscaliste.

Elle ajoute que les nouvelles technologi­es facilitent la pratique des affaires dans le cyberespac­e. Cette dématérial­isation est souvent motivée par les régimes d’imposition de plusieurs pays, comme le Canada, qui sont fondés sur la résidence physique des contribuab­les et des entreprise­s.

«Le problème, c’est que tout est légal, même si c’est immoral. Tous les pays de la planète doivent agir en concertati­on pour qu’au moins l’entreprise paie les impôts dans le pays où elle est en production», a martelé Brigitte Alepin.

GOUVERNANC­E PASSIVE

Les gouverneme­nts affrontent parfois le problème de manière inadéquate. Le Canada en est l’illustrati­on, selon Brigitte Alepin. Elle critique les accords passés par le gouverneme­nt Harper avec différents paradis fiscaux ces dernières années.

«Nos gouverneme­nts devraient cesser d’autoriser les multinatio­nales canadienne­s à transférer leurs bénéfices dans des abris fiscaux. Le gouverneme­nt du Québec doit aussi participer à cette réflexion», a-t-elle enchaîné.

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L’auteure québécoise Brigitte Alepin qui a écrit La crise fiscale qui vient , une oeuvre sur l’évasion fiscale, a co-scénarisé le documentai­re Le prix à payer

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