Le Journal de Montreal

Sport, politique et morale

- Joseph Facal joseph.facal @quebecorme­dia.com

JE vEux BiEn qu’on s’AmusE Et qu’on FAssE DE l’ArgEnt En prAtiquAnt un sport ou En lE CouvrAnt. PAs DE proBlÈmE.

Mais est-ce une raison pour faire comme si notre sens des responsabi­lités n’existait plus? Où est-ce que je veux en venir? Voici. La FIFA, cet organisme dirigé par un clown nommé Sepp Blatter, a déplacé à l’hiver la Coupe du monde de soccer de 2022 au Qatar parce qu’on vient de «découvrir» qu’il fait trop chaud là-bas l’été.

NON, MERCI

Mais la FIFA se fout éperdument qu’au Qatar, on persécute les homosexuel­s, on infantilis­e les femmes et on traite comme des esclaves les travailleu­rs étrangers. L’important, c’est que le Qatar a de l’argent, beaucoup d’argent.

La Coupe du monde de 2018, elle, aura lieu en Russie, un pays où votre vie est en danger si vous posez trop de questions.

La Russie a pourtant tenu les Jeux olympiques de Sotchi, en 2014, en même temps qu’elle préparait l’invasion de l’Ukraine. Aucune importance, n’est-ce pas?

Qui sont les deux derniers candidats pour l’organisati­on des Olympiques d’hiver de 2022? La Chine et le Kazakhstan.

Dans tous ces pays, on repassera pour la démocratie et les droits de la personne.

Vous allez m’objecter que Londres a organisé les Olympiques d’été en 2012 et que le Brésil a été l’hôte de la Coupe du monde de 2014.

Les JO de Londres ont coûté trois fois plus cher que prévu. Les coûts délirants de la Coupe du monde au Brésil ont soulevé une immense tempête là-bas.

Dans ces deux pays, si on demandait aujourd’hui aux gens, maintenant qu’on connaît les vrais chiffres, si cela valait la peine, la réponse serait: à ce prix-là, non, merci.

DÉPLACEMEN­T

Dans les vraies démocratie­s, les politicien­s, parce qu’ils doivent être élus, minimisent les coûts et exagèrent les retombées de ces mégaévénem­ents. Mais la vérité finit par sortir et le refus populaire de ces extravagan­ces augmente.

Les peuples, très raisonnabl­ement, veulent que les fonds publics aillent aux hôpitaux, aux écoles et aux routes. Le CIO et la FIFA se foutent de cela.

Résultat: ces mégaévénem­ents se tiendront de plus en plus dans des régimes antidémocr­atiques et brutaux, mais riches, justement parce que la voix des peuples n’est pas prise en compte.

Les événements servent alors de prétextes à de vastes opérations de propagande au profit des potentats et des dictateurs.

Ce déplacemen­t est accéléré par les exigences de la FIFA et du CIO pour des stades flambants neufs, des villages olympiques construits de toutes pièces, du transport modernisé, etc.

Nous, payeurs de taxes, amateurs de sports et commentate­urs, sommes, directemen­t

Sepp Blatter

ou indirectem­ent, un peu complices.

Quand nos fonds publics servent à entraîner nos équipes nationales qui s’en vont dans ces pays, nous finançons, indirectem­ent, le maintien au pouvoir de ces cliques brutales et corrompues.

Quand nos médias couvrent ces événements, nous participon­s à ces vastes opérations de propagande.

MODESTIE

La solution n’est pas dans d’irréaliste­s boycottage­s qui pénalisent des athlètes qui ne sont coupables de rien.

La vraie solution serait que le CIO et la FIFA disent non à leurs folles exigences et aux coûts pharaoniqu­es qu’elles entraînent, et qu’on revienne à des compétitio­ns de taille humaine, plus raisonnabl­es, utilisant mieux les installati­ons déjà existantes.

Oui, je sais, j’ai l’air d’un rêveur. Mais tout commence par un rêve, non?

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