L’ex-juge Delisle joue sa dernière carte
Soutenu par un nouvel avocat, l’ex-juge de Québec tente un ultime recours
Martelant être condamné à tort pour le meurtre prémédité de son épouse, l’ex-juge Jacques Delisle a embauché un nouvel avocat et livrera sa version des faits dans un ultime recours auprès du ministre canadien de la Justice, a appris Le Journal .
«Si c’était à refaire, il n’y a aucun doute, je témoignerais», avait déclaré Jacques Delisle à l’auteure de ces lignes, à l’occasion de deux entrevues exclusives suivant son verdict de culpabilité et les revers subis coup sur coup devant la Cour d’appel et la Cour suprême.
Le juge à la retraite passe de la parole aux actes: celui qui n’a pas dit mot lors de son procès racontera finalement ce qui s’est passé le matin du 12 novembre 2009, lorsque sa femme, Nicole Rainville, a été retrouvée morte, une balle dans la tête. Sans surprise, Jacques Delisle, qui aura 80 ans en mai, clame son innocence et maintient la thèse du suicide pour expliquer ce décès.
Tout porte à croire que l’ancien juge devrait aller plus loin que ce qu’il a confié aux policiers le jour du drame. Il avait alors affirmé qu’une querelle avait éclaté entre lui et son épouse, paralysée du côté droit et en rémission d’une fracture de la hanche. Il aurait quitté le condo pour aller à l’épicerie, après quoi il aurait trouvé Nicole Rainville décédée.
NOUVEL AVOCAT
Cette démarche s’inscrit dans sa demande de révision ministérielle, dont les détails devraient être dévoilés d’ici la fin de la semaine. Pour cette étape, M e Jacques Larochelle, qui s’était engagé à poursuivre bénévolement la bataille pour prouver l’innocence de son client, laisse sa place à l’avocat James Lockyer, basé à Toronto.
Bien connu au Canada anglais, M e Lockyer a fondé au début des années 90 une association qui se porte à la défense des personnes injustement condamnées, notamment pour meurtre.
Le criminaliste travaillerait discrètement dans ce dossier depuis plus d’un an. C’est d’ailleurs lui qui aurait orchestré la présence de Jacques Delisle à deux émissions d’enquête de Radio-Canada-CBC, question de rendre publique à la grandeur du pays la version de son nouveau client.
EXPERTISE BALISTIQUE
Selon des sources consultées par Le
Journal , M e Lockyer ramènerait au coeur de cette demande au ministre la preuve balistique. Un comité d’experts pourrait jouer un rôle dans l’affaire et analyser à nouveau la preuve présentée en cour et statuer si elle était véritablement hors de tout doute raisonnable.
Ni M e Lockyer ni M e Larochelle n’ont voulu en dire plus sur les détails de cette requête. La Couronne martèle que le dossier est juridiquement clos depuis que la Cour suprême a refusé de se pencher sur l’affaire, en 2013.