La sortie de Harper pourrait aider Léo
Le commerçant avait tiré sur deux présumés voleurs
ROUYN-NORANDA | En déclarant que les armes à feu servent aussi à se défendre quand on est loin des policiers, le premier ministre Stephen Harper pourrait bien avoir aidé la cause d’un propriétaire de dépanneur qui a tiré sur deux présumés voleurs.
«Ma femme vient d'une région rurale où la possession d'une arme à feu n'était pas seulement pour [les besoins de] la ferme, mais pour assurer un certain niveau de sécurité, lorsque vous êtes éloigné de la police pour une assistance immédiate», a déclaré le premier ministre jeudi dernier, lors d’une séance de questions et de réponses, au congrès annuel de l'Association des municipalités rurales de la Saskatchewan.
Cette déclaration donne du poids à la défense de Léo Boulet, ce propriétaire de dépanneur de 75 ans qui a fait feu sur deux présumés voleurs le 20 janvier à Rouyn-Noranda.
M. Boulet est accusé de voies de fait graves et de possession d’une arme à feu prohibée, ce qui lui vaudrait une peine minimale de trois ans de prison.
PEINES MINIMALES
«Cette déclaration de Stephen Harper vient bien montrer que lorsque le gouvernement Harper a implanté la peine minimale de trois ans pour la possession d’arme prohibée, il n’avait pas en tête un propriétaire de dépanneur de 75 ans qui a travaillé toute sa vie, mais plutôt les gangs de rue. C’est tout le problème des peines minimales. On enlève toute forme de jugement aux juges», a indiqué M Boulianne. Selon lui, dans un dossier comme celui de son client, un juge pourrait se montrer particulièrement clément compte tenu de l’âge et des circonstances.
«Pour montrer à quel point c’est ridicule, je pourrais par exemple faire acquitter Léo de tous ces chefs en plaidant la légitime défense, sauf celui de possession d’arme prohibée. Mais on l’enverrait en prison pour trois ans quand même?» s’interroge-t-il.
L’OPPOSITION S’INDIGNE
Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a qualifié «d’irresponsable» la position du premier ministre. Selon lui, il s’agit d'une autre tactique pour «attiser encore les passions autour de ce sujet», après l'abolition du registre des armes d'épaule en 2012.
À Québec, le gouvernement Couillard et les partis d’opposition ont aussi condamné les propos tenus par le premier ministre. Une motion affirmant que l'assouplissement des motifs pour utiliser les armes à feu pour l'autodéfense n'est pas souhaitable a été adoptée à l'unanimité au Salon bleu.