Le Journal de Montreal

Les ententes avec les délateurs pas assez avantageus­es

- ERIC THIBAULT ET FÉLIX SÉGUIN

Les policiers «pourraient résoudre beaucoup plus de crimes» au Québec en octroyant des ententes plus avantageus­es aux délateurs.

C’est l’avis de l’ex-superviseu­r des enquêtes aux crimes contre la personne à la SQ, Jean-François Brochu.

«Gérald Gallant a commis 28 meurtres, mais il a ensuite travaillé pour la justice afin de faire condamner les 11 commandita­ires ou complices de ses meurtres. C’est lui qui a eu la plus grosse sentence du groupe et je trouve ça dommage. Pourtant, ceux qui lui ont commandé ces crimes en sont tout aussi responsabl­es, mais la défense a pu négocier des peines réduites avec la Couronne.»

comme aux états-unis ?

Le coordonnat­eur du projet Baladeur estime que la province pourrait s’inspirer davantage du modèle américain dans ce domaine.

«Aux États-Unis, on mise beaucoup sur le système de délation pour mettre des criminels hors d’état de nuire. Ça leur permet de conclure des ententes avec les témoins repentis qu’on n’a pas au Québec.»

Par exemple, Joseph Massino – l’exnuméro un du clan Bonanno et le premier chef de la mafia new-yorkaise à être devenu délateur – est sorti de prison à l’automne 2013 après 10 ans de détention, malgré sa participat­ion à huit meurtres.

C’était sa récompense pour avoir aidé la justice américaine à envoyer derrière les barreaux le défunt parrain de la mafia montréalai­se Vito Rizzuto, entre 2006 et 2012, relativeme­nt à trois meurtres.

Prêts à Parler

Brochu se dit conscient que plusieurs autres délateurs québécois ont déjà eu des peines «ridicules» dans le passé.

Comme le tueur à gages des Hells Angels Yves «Apache» Trudeau, qui a obtenu sa libération conditionn­elle après sept ans d’incarcérat­ion, malgré 43 meurtres qui sont devenus des homicides involontai­res, en 1986.

«Mais là, c’est le retour du balancier. Sans copier les Américains, je pense qu’on pourrait revoir le système pour faciliter les ententes avec ceux qui seraient prêts à se mettre à table avec les policiers. Sinon, on se ferme des possibilit­és de résoudre des crimes et de rendre service à des familles de victimes.»

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Jean-François Brochu Enquêteur

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