Gallant, un tueur « gentleman »
L’ex-policier qui l’a traqué pendant des années explique que c’est un homme «gentil, poli et simple»
«C’est le gars qui apportait des fleurs quand il avait rendezvous chez la coiffeuse. C’est donc assez difficile de s’imaginer qu’il ait pu commettre autant de meurtres de sang-froid.»
L’ex-sergent détective Jean-François Brochu coordonnait l’équipe d’enquêteurs qui ont coincé le tueur à gages Gérald Gallant et obtenu ses aveux, lors du projet Baladeur.
Selon ce retraité de la Sûreté du Québec, la personnalité de «gentleman» de Gallant et le fait qu’«il pensait à tout» expliquent largement pourquoi il a pu tuer 28 personnes et tromper la vigilance des policiers pendant plus de 25 ans avant de se faire arrêter, en 2006.
«Quand tu le regardes et que tu jases avec, Gérald Gallant est un monsieur gentil, poli, simple et facile d’approche. Il ne dégage pas une personnalité forte. Il est très low profile .Ce n’est pas l’archétype du tueur sanguinaire qu’on voit dans les films», a-t-il dit en entrevue au Journal .
À cela, il faut ajouter «sa santé chancelante» et son problème de bégaiement, «une facette de lui qui laisse croire qu’il n’est pas sûr de lui».
«C’est dur de croire que cet individu-là soit capable de tirer une balle de calibre .357 dans la tête de quelqu’un, ajoute cet ancien superviseur des enquêtes aux crimes contre la personne à la SQ. Il exécutait souvent ses contrats dans des endroits publics, sous les yeux de plusieurs témoins. Armé d’un revolver, il ne tremblait pas. Il avait la main sûre.»
TÊTE MISE À PRIX
Jean-François Brochu se dit «convaincu» que si Gallant n’avait pas tourné sa veste en devenant délateur, il était un homme mort.
«Dans ce milieu-là, quand les gens qui t’ont commandé des meurtres se doutent que tu peux parler et qu’ils risquent de se faire arrêter, on va s’arranger pour t’éliminer.
«Il a accepté de collaborer avec les policiers pour garantir sa protection et sa survie. Il savait qu’il s’en allait en dedans pour 25 ans parce qu’on avait de la preuve d’ADN pour l’incriminer dans un meurtre. Mais il savait aussi qu’il allait mourir en purgeant sa peine dans la population carcérale générale.»
DÉTAILS
M. Brochu se souvient de Gallant comme d’un homme «très intelligent», doté d’une «excellente mémoire».
«Il nous a raconté ses crimes en allant dans les plus infimes détails, a-til expliqué. Par exemple, il a utilisé deux armes à feu lors d’un meurtre commis à Sainte-Foy, en 1999. Il en avait lancé une dans un boisé durant sa fuite. Après son arrestation, il nous a précisément conduits à cet endroit et on l’a retrouvée.»
Souvent, les détails fournis par Gallant collaient parfaitement à l’analyse des scènes de ses crimes, que les policiers avaient passées au peigne fin plusieurs années auparavant.
«C’était imprégné dans son cerveau. Avant d’abattre Paul Cotroni, en 1998, à Repentigny, Gallant a dit qu’il l’avait attendu pendant plus d’une heure, étendu dans l’herbe, sous des arbustes. La pelouse était effectivement «couchée» à cet endroit. C’était des détails que lui seul pouvait savoir.»