Plus de cours de français réclamés
Les mesures de resserrement à l’entrée ne sont pas la priorité, croient les étudiants en enseignement
Les étudiants en enseignement croient qu’on devrait leur donner davantage de cours de français pendant leur formation, plutôt que de resserrer les critères d’admission au programme, comme le propose le nouveau ministre.
«On nous accuse de ne pas être bons en français, mais moi, par exemple, je n’ai eu aucun cours de français depuis le début de ma formation», déplore Alexandrine Savignac, étudiante de troisième année au programme d’adaptation scolaire, à l’UQAM.
Elle et son amie Marie-Ève Sauvé, qui affirment ne pas avoir de difficultés en français, comprennent mal comment leurs collègues et elles pourront enseigner des notions sans même les avoir revues à l’université.
Le ministre de l’Éducation, François Blais, a confirmé hier vouloir instaurer un test d’entrée en français pour les étudiants qui souhaitent être admis dans un programme d’éducation, et augmenter la cote R minimale d’admission ( voir autre texte ).
« COUP D’ÉPÉE DANS L’EAU »
Or, les étudiants ont déjà un test de français à passer à leur entrée à l’université, et ceux qui échouent doivent suivre une mise à niveau. «Et ceux qui ne passent pas ce cours ne peuvent pas poursuivre leurs études, explique Pierre Toussaint, professeur au département d’éducation et de pédagogie de l’UQAM. Cette nouvelle mesure, c’est un coup d’épée dans l’eau.»
Ce dernier s’est d’ailleurs dit étonné que le gouvernement veuille «s’ingérer» dans une tâche qui est «le rôle de l’université».
«Il faudrait des cours de français supplémentaires adaptés à la discipline de l’étudiant», croit Kimberly Foley, étudiante en enseignement du français, langue seconde, à l’Université de Montréal.
Pour sa collègue Maryéva Métellus, c’est plutôt une entrevue qu’il faudrait instaurer à l’entrée du programme. «Il faut avoir le métier à coeur. Quelqu’un avec une super cote R peut faire un très mauvais enseignant.»
PAS MAUVAIS
Certains professeurs ne voient pourtant pas ce resserrement d’un mauvais oeil.
«Il faut qu’on lance le message que la maîtrise de la langue de travail est importante, et que les futurs enseignants qu’on forme soient compétents. Et dans ce sens-là, je vois mal comment on pourrait être contre ces nouvelles mesures», croit P Daniel Daigle, du département de didactique de l’UdeM.