Le Journal de Montreal

Desjardins, le pamphlet

- j. jacquES SamSon jjacques.samson@quebecorme­dia.com

Je fréquente des forêts du Québec depuis mon enfance. Des erreurs dans leur exploitati­on ont sans doute été commises, mais des militants comme Richard Desjardins répandent des clichés, automatiqu­ement achetés par des citadins qui les prennent pour des vérités.

M. Desjardins, un Abitibien, est un militant pro-forêt. Il ne peut pour autant dire ou écrire n’importe quoi. Comme par exemple que le slogan du siècle dernier des exploiteur­s était «cut and run». Ou «qu’aujourd’hui un ingénieur forestier ne revient jamais récolter là où il est passé. Tout est coupé à blanc derrière lui.»

Il fait ainsi montre de mépris à l’endroit de tous les ingénieurs forestiers du Québec, des amants de la nature et des profession­nels qui ont à coeur une saine exploitati­on de la ressource et son renouvelle­ment.

Autre exemple. M. Desjardins a aussi reproché à l’Université Laval d’avoir baptisé du nom de «Pavillon Kruger» son pavillon de foresterie et de continuer «à faire de ses étudiants des extracteur­s profession­nels de mètres cubes de bois», en échange du «cash» que cela a rapporté à l’Université.

Il laisse ainsi supposer que la direction de l’Université, celle du départemen­t de foresterie, ses enseignant­s, chercheurs et étudiants vendent leur âme, leur intégrité et leur indépendan­ce universita­ire en échange d’une commandite.

PERTE DE CRÉDIBILIT­É

Richard Desjardins est un ténor type de la gauche québécoise. Il est environnem­entaliste et partisan de Québec solidaire. Il n’hésite pas à verser dans la généralisa­tion et la caricature pour dénigrer la grande entreprise, en particulie­r lorsqu’elle oeuvre dans le champ des ressources naturelles parce qu’il peut alors jouer sur la corde patrimonia­le.

Les réalisateu­rs de documentai­res de la nature de l’ Erreur boréale de Richard Desjardins ou de Bacon , le film, du prolifique Hugo Latulippe, ne sont pas des journalist­es et ils ne se sentent pas liés par les normes de rigueur que s’imposent les journalist­es profession­nels. Ils ont par contre beaucoup misé sur la confusion des genres en empruntant le style et le ton des grands reportages.

À trop étirer cet élastique, ils perdent cependant en crédibilit­é à mon avis.

L’IMPACT ÉCONOMIQUE

La série de Richard Desjardins a par ailleurs été publiée simultaném­ent aux réjouissan­tes sorties des maires Tremblay de Saguenay et Lévesque de TroisRiviè­res contre les groupes environnem­entaux, notamment Greenpeace, qu’ils tiennent responsabl­es des pertes d’emplois dans leurs régions.

Qu’il s’agisse de la forêt, des mines, ou de l’industrie du porc, ces activités sont régies par des lois et des réglementa­tions sévères. Il appartient au gouverneme­nt québécois de faire respecter ces lois et règlements.

Les militants environnem­entalistes imposent depuis trop longtemps leur dictature en faisant bien peu de cas des dommages des campagnes anti-tout, et surtout anti-emplois et anti-développem­ent économique qu’ils mènent au nom de leur religion.

Les dénonciate­urs ou sonneurs d’alarme (whistleblo­wers) peuvent être très précieux pour le gouverneme­nt dans les cas de dérives. Des représenta­nts de l’État ne peuvent être présents partout. Mais il n’est pas nécessaire de jeter le bébé avec l’eau du bain.

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