Mémoire courte
Certains ont essayé récemment de culpabiliser le gouvernement du Québec pour son supposé manque de solidarité avec les francophones hors Québec.
On en a entre autres parlé au sujet d’une cause qui est devant les tribunaux, relativement à l’ouverture à certains non-francophones de l’enseignement en français dans les écoles du Yukon.
SYMÉTRIE LINGUISTIQUE
Dans un Canada où la spécificité québécoise n’est constitutionnellement reconnue que de façon très limitée, la tendance des tribunaux est de traiter de façon symétrique le droit à l’enseignement en français en dehors du Québec et l’accès à l’enseignement en anglais ici.
Par l’entremise de son ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, Jean-Marc Fournier, le gouvernement du Québec a donc refusé d’appuyer la cause des FrancoYukonnais, de crainte que cela ouvre l’école anglaise à des Québécois qui n’y ont pas droit actuellement.
Cela dans un contexte où la fragilité des dispositions de la loi 101 imposant l’école francophone aux immigrants non anglo-canadiens et aux francophones n’est plus à démontrer.
Que l’on pense au jugement troublant de la Cour suprême légalisant «les écoles passerelles», ces dernières permettant à certains d’acheter littéralement le droit à l’école anglaise par un court séjour dans une école privée.
Quelle que soit la sympathie que l’on peut éprouver pour une communauté franco-yukonnaise d’au plus deux mille personnes, les enjeux pour le Québec sont d’une gravité sans commune mesure. On peut comprendre la déception des dirigeants des associations francophones hors Québec. Il faut cependant qu’ils aient la mémoire bien courte pour oser reprocher au gouvernement du Québec une position conforme aux intérêts vitaux de la majorité québécoise francophone au sein du Canada.
MEECH
Les associations francophones hors Québec ont en effet joué un rôle crucial dans l’échec de l’accord du lac Meech au début des années 90. Or, par la reconnaissance du Québec comme société distincte majoritairement francophone au Canada, Meech aurait justement permis d’éviter la situation actuelle, où un appui du Québec aux revendications des francophones hors Québec a tendance à se retourner implacablement contre lui. Tout le monde tenait pour acquis que l’accord du lac Meech, signé par tous les premiers ministres canadiens, serait ratifié rapidement par leurs assemblées législatives respectives.
C’est le premier ministre du NouveauBrunswick, Frank McKenna, qui décida le premier de rouvrir fatalement l’affaire, en se faisant le porte-parole des Acadiens de sa province mécontents de ce que Meech ne répond pas également à leurs revendications à eux.
S’il ne s’agit pas du même monde qu’en 1990, il n’en reste pas moins que les responsables des associations francophones hors Québec et leurs défenseurs devraient à tout le moins se garder une petite gêne quand ils accusent le Québec de laisser tomber les francophones hors Québec. La réalité est que ces derniers n’ont pas été là pour le Québec quand cela comptait. Pire, ils ont fourni aux opposants de la reconnaissance du Québec comme société distincte une caution pour tuer l’affaire.
les associations francophones hors québec ont en effet joué un rôle crucial dans l’échec de l’accord du lac meech