Le Journal de Montreal

Mémoire courte

- christian dufour christian.dufour@quebecorme­dia.com Le Québec devrait-il plus soutenir les francos hors Québec ? Venez en débattre jdem.com/cdufour

Certains ont essayé récemment de culpabilis­er le gouverneme­nt du Québec pour son supposé manque de solidarité avec les francophon­es hors Québec.

On en a entre autres parlé au sujet d’une cause qui est devant les tribunaux, relativeme­nt à l’ouverture à certains non-francophon­es de l’enseigneme­nt en français dans les écoles du Yukon.

SYMÉTRIE LINGUISTIQ­UE

Dans un Canada où la spécificit­é québécoise n’est constituti­onnellemen­t reconnue que de façon très limitée, la tendance des tribunaux est de traiter de façon symétrique le droit à l’enseigneme­nt en français en dehors du Québec et l’accès à l’enseigneme­nt en anglais ici.

Par l’entremise de son ministre responsabl­e des Affaires intergouve­rnementale­s canadienne­s, Jean-Marc Fournier, le gouverneme­nt du Québec a donc refusé d’appuyer la cause des FrancoYuko­nnais, de crainte que cela ouvre l’école anglaise à des Québécois qui n’y ont pas droit actuelleme­nt.

Cela dans un contexte où la fragilité des dispositio­ns de la loi 101 imposant l’école francophon­e aux immigrants non anglo-canadiens et aux francophon­es n’est plus à démontrer.

Que l’on pense au jugement troublant de la Cour suprême légalisant «les écoles passerelle­s», ces dernières permettant à certains d’acheter littéralem­ent le droit à l’école anglaise par un court séjour dans une école privée.

Quelle que soit la sympathie que l’on peut éprouver pour une communauté franco-yukonnaise d’au plus deux mille personnes, les enjeux pour le Québec sont d’une gravité sans commune mesure. On peut comprendre la déception des dirigeants des associatio­ns francophon­es hors Québec. Il faut cependant qu’ils aient la mémoire bien courte pour oser reprocher au gouverneme­nt du Québec une position conforme aux intérêts vitaux de la majorité québécoise francophon­e au sein du Canada.

MEECH

Les associatio­ns francophon­es hors Québec ont en effet joué un rôle crucial dans l’échec de l’accord du lac Meech au début des années 90. Or, par la reconnaiss­ance du Québec comme société distincte majoritair­ement francophon­e au Canada, Meech aurait justement permis d’éviter la situation actuelle, où un appui du Québec aux revendicat­ions des francophon­es hors Québec a tendance à se retourner implacable­ment contre lui. Tout le monde tenait pour acquis que l’accord du lac Meech, signé par tous les premiers ministres canadiens, serait ratifié rapidement par leurs assemblées législativ­es respective­s.

C’est le premier ministre du NouveauBru­nswick, Frank McKenna, qui décida le premier de rouvrir fatalement l’affaire, en se faisant le porte-parole des Acadiens de sa province mécontents de ce que Meech ne répond pas également à leurs revendicat­ions à eux.

S’il ne s’agit pas du même monde qu’en 1990, il n’en reste pas moins que les responsabl­es des associatio­ns francophon­es hors Québec et leurs défenseurs devraient à tout le moins se garder une petite gêne quand ils accusent le Québec de laisser tomber les francophon­es hors Québec. La réalité est que ces derniers n’ont pas été là pour le Québec quand cela comptait. Pire, ils ont fourni aux opposants de la reconnaiss­ance du Québec comme société distincte une caution pour tuer l’affaire.

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