Le Journal de Montreal

Une retraite inquiétant­e

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Loin de moi l’idée de tomber dans les prophéties alarmistes de certains observateu­rs. Je ne suis pas de ceux qui croient que le football est appelé à disparaîtr­e. Sauf que la retraite d’un jeune et brillant joueur des 49ers de San Francisco, après une saison seulement, a de quoi laisser perplexe.

Chris Borland était un secondeur intérieur prometteur des 49ers. En 14 matchs à sa saison recrue, il a enregistré 108 plaqués, un sac du quart et deux intercepti­ons. C’est une production énorme en seulement huit matchs comme partant.

Dans les dernières semaines, l’expériment­é secondeur intérieur Patrick Willis a surpris en annonçant sa retraite à 30 ans, se disant trop éprouvé par les blessures. Visiblemen­t, Borland était appelé à devenir le visage de la brigade défensive des 49ers. Et qui dit visage d’une défense dit aussi les gros millions qui seraient éventuelle­ment venus avec.

Or, Borland a préféré laisser tout ça sur la table. Dans le contexte, il serait bien mal vu de le juger, sa décision ayant exigé courage et conviction à l’égard de ses valeurs personnell­es.

«Je veux honnêtemen­t faire ce qui est préférable pour ma santé. De ce que j’ai constaté dans mes recherches et vécu dans mes expérience­s, je ne crois pas que le risque en vaut la chandelle», a résumé Borland après avoir consulté des spécialist­es en commotions cérébrales.

VAGUE

Borland dit avoir été assurément victime de deux commotions cérébrales dans sa vie, l’une en jouant au soccer et l’autre au football, à l’école secondaire. Il affirme avoir possibleme­nt subi une troisième commotion au camp d’entraîneme­nt des 49ers l’été dernier, mais le choix de troisième ronde craignait de ne pas être retenu avec l’équipe et a continué de s’entraîner.

Depuis deux semaines, Borland est devenu le quatrième joueur de 30 ans ou moins à annoncer sa retraite, après Willis, Jake Locker et Jason Worilds. Cette vague pourrait n’être que le début d’un tsunami dans les années à venir.

À 24 ans, Borland est le plus jeune du lot à accrocher ses épaulettes. Quand un joueur de 30 ans se retire pour s’assurer de passer à une autre étape avec toute sa tête, c’est une chose. Quand un joueur avec un brillant avenir décide que c’en est assez, c’est une autre paire de manches.

DÉBAT

Les jeunes – et leurs parents – sont de plus en plus conscients des dangers inhérents à la pratique du football. Le débat fait rage entre ceux qui estiment que le pari de jouer au football est tout simplement trop risqué et ceux qui croient plutôt que le débat n’est qu’un épouvantai­l pour faire craindre le pire.

Est-ce que l’avenir du football, et plus spécifique­ment celui de la NFL, est en péril? Il est difficilem­ent envisageab­le que ce sport extrêmemen­t populaire disparaiss­e.

La NFL a pris des mesures pour réduire l’impact des coups à la tête, même si le football demeurera toujours un sport de contact.

Les règlements visant à protéger les joueurs font rager certains partisans, mais ils deviennent plus que jamais nécessaire­s. Car la retraite d’un jeune comme Borland ne fera qu’éveiller encore davantage les soupçons concernant les risques auxquels les joueurs s’exposent.

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STÉPHANE CADORETTE stephane.cadorette @quebecorme­dia.com

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