Une serre de pot chez le juge
L’un des évadés de la prison d’Orsainville aurait participé à l’installation de l’appareil au sous-sol de la résidence
ROUYN-NORANDA | Un des évadés de la prison d’Orsainville aurait installé une serre de cannabis dans le sous-sol d’un avocat qui est ensuite devenu juge.
Le Conseil de la magistrature a suspendu le juge Michel Girouard, qui siégeait en Abitibi, en 2012, après qu’un délateur eut indiqué aux policiers qu’il avait vendu pour 100 000 $ de cocaïne à Me Girouard alors qu’il était avocat.
Les révélations ont été faites pendant l’enquête sur l’Opération Écrevisse qui a mené à la condamnation des évadés de la prison d’Orsainville.
Un document d’enquête du Conseil canadien de la magistrature rendu public mardi révèle des choses troublantes sur le passé du juge.
À l’époque où il était avocat, Me Girouard aurait été sous l’emprise d’une organisation faisant partie du crime organisé.
Deux membres de cette organisation criminelle, Denis Lefebvre et Yvon Lamontagne, auraient notamment aidé Me Girouard à installer une miniserre pour produire du cannabis pour sa consommation personnelle au sous-sol de sa résidence.
Selon le document du Conseil de la magistrature, Denis Lefebvre a déclaré après son arrestation que Michel Girouard pourrait lui donner des conseils, même s’il était devenu juge.
VIDÉO COMPROMETTANTE
Me Michel Girouard aurait consommé de la drogue de manière récurrente pendant plusieurs années, notamment en compagnie de gens associés de près au crime organisé.
Le 17 septembre 2010, soit deux semaines avant d’être nommé juge, il a été filmé en train d’acheter des substances illicites dans le bureau de Yvon Lamontagne dans son Club vidéo de Val-d’Or.
L’enquête Écrevisse a démontré que ce Club vidéo était un centre névralgique du commerce de drogue à Val-d’Or.
COCAÏNE
Me Girouard aurait également marchandé ses services d’avocat contre de la cocaïne au début des années 1990.
Le délateur Michel Thibault voulait obtenir un permis de la Régie des alcools afin d’ouvrir le bar New York et il avait besoin de conseils juridiques. Il aurait fourni entre 5000 et 10 000 $ de cocaïne à son avocat contre ses services.
On reproche également à Me Girouard de ne pas avoir divulgué certaines informations compromettantes au moment de se porter candidat au poste de juge.
Il devra aussi se défendre d’avoir tenté d’induire en erreur le Conseil canadien de la magistrature en masquant la vérité.
Le juge Girouard sera entendu en audition préliminaire devant le Comité d’enquête les 23 et 24 mars. L’examen plus approfondi aura lieu en mai.