La Presse fait cavalier seul vers son plan
Gesca fait une croix sur ses quotidiens régionaux pour mettre toutes ses énergies à développer La Presse + et le numérique, soutient le président de l’entreprise.
«On ne pouvait plus avoir quatre ou cinq chevaux de bataille en même temps. Le numérique devient maintenant notre priorité», a insisté Guy Crevier, en entrevue avec Le Journal.
Gesca a annoncé hier avoir vendu ses six quotidiens régionaux à l’ancien ministre fédéral Martin Cauchon. Seule La Presse demeure dans son giron. «Les journaux régionaux avaient depuis quelques années des demandes et besoins auxquels on ne pouvait pas toujours répondre», a admis M. Crevier.
FINI LE PAPIER ?
Même si l’entreprise veut mettre le paquet sur le numérique, le président refuse de dire si la vente des quotidiens va précipiter la fin de l’édition papier de La Presse.
«Nous en sommes à notre troisième étude sur la migration du papier vers le numérique. D’une fois à l’autre, les gens étaient de plus en plus réceptifs», a souligné l’homme d’affaires, qui est catégorique quant à la mort éventuelle du papier.
«Chaque nuit, des camions sillonnent les routes du Québec, de La Tuque jusqu’au Lac-Saint-Jean [pour livrer des journaux]. Ce modèle-là ne peut pas tenir la route encore longtemps», croit le président. Sa principale mission dans les prochains mois sera de trouver des groupes de presse de partout dans le monde intéressés à acheter le modèle numérique de La Presse +.
QUESTIONS SYNDICALES
«Gesca s’est donné les coudées franches pour développer La Presse +» en se départissant de ses quotidiens en régions, note la présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Lise Millette. Cette dernière a rappelé que des questions syndicales avec les quotidiens régionaux rendaient à Gesca la tâche plus ardue pour négocier son virage numérique.
Sans compter que «les journaux régionaux de Gesca étaient depuis un moment les grands négligés de l’entreprise au profit du développement de La Presse +», soutient Florian Sauvageau, professeur au Département d'information et de communications de l’Université Laval.
Ce dernier estime que de nombreuses questions restent en suspens au terme de cette annonce, notamment quant à l’avenir de l’information régionale dans les pages de La Presse.