Jacques Delisle affirme avoir aidé au suicide de sa femme
L’ex-juge veut faire connaître sa nouvelle version des faits dans les médias
Avouant avoir menti aux policiers et à ses proches, Jacques Delisle affirme avoir aidé son épouse à se suicider en lui fournissant l’arme utilisée pour mettre fin à ses jours.
C’est ce que l’ex-juge condamné à l’emprisonnement à perpétuité a confié à Radio-Canada, dans le cadre d’une campagne médiatique orchestrée par le nouvel avocat de Jacques Delisle, Me James Lockyer, visant à faire connaître cette nouvelle version des faits dans l’ensemble du pays.
L’homme de 79 ans révèle ainsi avoir aidé sa femme, le matin du 12 novembre 2009, à se donner la mort. Déprimée, Nicole Rainville lui aurait demandé d’aller chercher son pistolet caché sur le dessus d’une bibliothèque, de le charger et de lui remettre. Son mari l’aurait alors invitée à réfléchir à ce qu’elle comptait faire et aurait tenté de la dissuader.
Elle lui aurait alors demandé de quitter le condo pour une heure, ce qu’il aurait fait. C’est à son retour qu’il aurait retrouvé le corps inanimé de son épouse et qu’il a contacté les autorités. Craignant la réaction de ses proches, il aurait caché la vérité aux policiers en racontant une histoire de suicide dans laquelle il n’avait aucune implication.
Il aurait aussi menti à ses enfants, qui ont cru à tort tout au long du procès que leur mère s’était enlevé la vie, sans l’implication de leur père. Notons que ses proches ne savaient rien, non plus, de la relation extra-conjugale qu’il entretenait avec sa secrétaire.
TÉMOIGNAGE
Au début de l’année 2014, Jacques Delisle avait confié à l’auteure de ces lignes ne pas avoir témoigné à son procès puisque son avocat et lui en étaient venus à la conclusion que la preuve présentée par la Couronne n’était pas assez forte pour convaincre le jury hors de tout doute raisonnable de sa culpabilité.
Visiblement, cette première version serait incomplète. L’ex-juge affirme aujourd’hui qu’il ne s’est pas présenté à la barre puisque sa belle-fille serait venue le supplier de ne pas prendre la parole, pour ne pas nuire davantage au clan Delisle, déjà fortement éprouvé par cette épreuve. Tous étaient convaincus qu’il serait innocenté.
L’histoire en a toutefois décidé autrement. Jacques Delisle est devenu le premier juge au Canada à être accusé de meurtre, la Cour d’appel a maintenu ce verdict et la Cour suprême a refusé de se pencher sur la question.
CONTRADICTIONS
Ces révélations soulèvent des questions quant aux affirmations faites précédemment par l’ex-juge. Il avait confié aux policiers qu’il s’était querellé avec son épouse, diminuée physiquement. Il aurait alors quitté les lieux et elle aurait profité de son absence pour prendre le pistolet sur une table à l’entrée et se suicider. Rappelons qu’aucune lettre d’adieu n’a été trouvée.