PKP suscite un « malaise » en plein débat
Les cinq candidats à la chefferie du PQ participaient à un débat hier soir à l’Université Laval
QUÉBEC | Pierre Karl Péladeau a suscité un malaise chez ses adversaires de la course à la chefferie du PQ en déclarant qu’il y avait urgence de faire l’indépendance en raison de la démographie et des immigrants.
«On n’a pas 25 ans. Avec la démographie et l’immigration, c’est certain qu’on perd un comté par année. Il faut travailler dès maintenant pour convaincre», a déclaré M. Péladeau alors qu’il participait à un débat avec ses adversaires à l’Université Laval.
La déclaration de M. Péladeau a pris certains de ses adversaires par surprise. «J’ai eu un malaise à la fin du débat. Je n’avais pas vu venir de tels propos. J’ai senti la nécessité de réagir, pour moi les néo-Québécois font partie de la solution. Ils ne sont pas des adversaires, ils sont des partenaires du projet de souveraineté. Le Parti québécois est capable de leur tendre la main», a expliqué le député Alexandre Cloutier en point de presse.
Selon Pierre Céré, l’unique candidat à la chefferie qui n’est pas député, une grande pression va s’exercer sur le PQ au sujet de l’immigration au cours des prochains mois, la CAQ ayant décidé de reprendre le flambeau de l’identité québécoise et choisit, à son avis, de présenter l’immigration comme une menace.
«Notre jeunesse a commencé à regarder le Parti québécois comme incapable de comprendre la diversité culturelle», a continué M.Céré. La déclaration de M. Péladeau est «extrêmement malheureuse et dommageable».
« PROPAGANDE FÉDÉRALE »
Pierre Karl Péladeau a tenu à préciser sa pensée au terme du débat. «Il faut faire contrepoids à l’énorme machine de propagande fédérale (...) Toutes les structures d’accueil à l’étranger sont canadiennes (...) Les immigrants prêtent serment à la Reine avec l’unifolié. Nos structures d’accueil sont déficientes», a insisté le député de Saint-Jérôme.
Bernard Drainville ne s’est pas formalisé de la déclaration de son collègue Péladeau mais a semblé prendre ses distances. «Ma conception de la citoyenneté québécoise c’est tout le monde est égal. Notre responsabilité c’est de convaincre. Je ne fais aucune distinction entre un citoyen dont les ancêtres sont arrivés ici en 1650 et une autre débarqué à Dorval il y a une semaine. C’est à nous de démontrer aux Québécois pourquoi l’indépendance est pertinente.»
Pour sa part, la députée Martine Ouellet estime que le PQ doit tendre la main aux immigrants. «Les nouveaux Québécois, il faut travailler avec eux. L’immigration c’est une force (...) Lorsqu’ils arrivent ici ils ne connaissent pas la dynamique Québec-Canada (...) Le dialogue avec les immigrants est établi.»
Par ailleurs, Pierre Karl Péladeau promet de créer un Institut de recherche sur l’indépendance pour convaincre les Québécois. «Une maudite bonne idée», a approuvé Bernard Drainville.
TROISIÈME DÉBAT
Ce troisième débat entre les cinq candidats à la chefferie du PQ était organisé par l’Association péquiste de l’Université Laval. Environ 350 militants y ont assisté. Outre le «malaise» créé par M. Péladeau, ce débat s’est déroulé dans une harmonie presque totale.