Le Journal de Montreal

Procréatio­n assistée : un programme précieux

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

L’étude du projet de loi 20 par l’Assemblée nationale ramène à l’avant-scène l’intention du gouverneme­nt libéral de mettre fin au programme québécois qui couvre la procréatio­n assistée. C’est la dernière occasion pour ceux qui tiennent à cette mesure de se faire entendre et pour le ministre de la Santé de corriger une interventi­on qui serait malheureus­e.

Les représenta­nts des couples infertiles ont déposé un mémoire très équilibré qui reconnaît la nécessité de certains encadremen­ts pour éviter les abus et les dérapages. Mais ils ont supplié Gaétan Barrette et son gouverneme­nt de maintenir le coeur du programme.

UN SUCCÈS

Les faits sont clairs: l’infertilit­é est une condition médicale reconnue mondialeme­nt. Le système de santé québécois n’a fait qu’emboîter le pas il y a quelques années en rendant accessible­s les solutions existantes aux couples concernés. Cela m’est toujours apparu plus que raisonnabl­e, dans un Québec où une vasectomie, même sans aucune nécessité médicale, est payée par l’État.

Contrairem­ent à bien d’autres programmes gouverneme­ntaux dont l’efficacité n’est pas validée, le programme d’aide à la procréatio­n assistée a rempli pleinement ses objectifs. Le Québec a vu descendre en flèche le nombre de grossesses multiples et de bébés prématurés issus des méthodes d’aide à la fécondatio­n, ce qui constituai­t l’un des buts.

Et le Québec peut compter sur 5000 beaux bébés de plus, 5000 futurs citoyens qui devraient être les bienvenus en regardant notre très faible taux de fécondité. Sur les 5000, un cas de parent peu sérieux ayant changé d’idée s’est retrouvé à la DPJ dès la naissance. Tous s’entendent pour dire que ledit cas a servi de signal d’alarme pour recommande­r une meilleure évaluation psychosoci­ale. Mais va-t-on oublier 5000 enfants désirés et cajolés pour un échec?

En plus de ne plus couvrir entièremen­t la fécondatio­n in vitro, le projet de loi 20 impose des restrictio­ns qui me rendent mal à l’aise. Par exemple, l’aide ne serait dorénavant accessible qu’à ceux qui n’ont aucun enfant, ce qui exclut entre autres ceux qui ont déjà eu un enfant avec le programme. Le but est de fonder des familles. Ce n’est pas comme essayer le saut en parachute et se faire dire: «Tu l’as essayé une fois, c’est assez!»

Je comprends qu’on n’intervienn­e pas pour permettre un dixième enfant dans une famille, mais si des gens vivent un beau succès, ont un enfant grâce au programme, s’en occupent bien et en veulent un autre, ça me paraît heureux de le leur permettre.

GARDER L’ESSENTIEL

Cela étant dit, le ministre de la Santé a raison sur plusieurs des encadremen­ts qu’il propose. À l’usage, on se rend compte des ajustement­s dont un tel programme a besoin. Mais abandonner l’essentiel serait un recul pour la société québécoise à une époque où la plupart des pays se dotent de telles mesures.

Quant à l’opinion publique québécoise, généraleme­nt pro-famille, cela demeure pour moi un mystère qu’elle ait toujours semblé bouder cette aide à avoir des bébés.

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