Procréation assistée : un programme précieux
L’étude du projet de loi 20 par l’Assemblée nationale ramène à l’avant-scène l’intention du gouvernement libéral de mettre fin au programme québécois qui couvre la procréation assistée. C’est la dernière occasion pour ceux qui tiennent à cette mesure de se faire entendre et pour le ministre de la Santé de corriger une intervention qui serait malheureuse.
Les représentants des couples infertiles ont déposé un mémoire très équilibré qui reconnaît la nécessité de certains encadrements pour éviter les abus et les dérapages. Mais ils ont supplié Gaétan Barrette et son gouvernement de maintenir le coeur du programme.
UN SUCCÈS
Les faits sont clairs: l’infertilité est une condition médicale reconnue mondialement. Le système de santé québécois n’a fait qu’emboîter le pas il y a quelques années en rendant accessibles les solutions existantes aux couples concernés. Cela m’est toujours apparu plus que raisonnable, dans un Québec où une vasectomie, même sans aucune nécessité médicale, est payée par l’État.
Contrairement à bien d’autres programmes gouvernementaux dont l’efficacité n’est pas validée, le programme d’aide à la procréation assistée a rempli pleinement ses objectifs. Le Québec a vu descendre en flèche le nombre de grossesses multiples et de bébés prématurés issus des méthodes d’aide à la fécondation, ce qui constituait l’un des buts.
Et le Québec peut compter sur 5000 beaux bébés de plus, 5000 futurs citoyens qui devraient être les bienvenus en regardant notre très faible taux de fécondité. Sur les 5000, un cas de parent peu sérieux ayant changé d’idée s’est retrouvé à la DPJ dès la naissance. Tous s’entendent pour dire que ledit cas a servi de signal d’alarme pour recommander une meilleure évaluation psychosociale. Mais va-t-on oublier 5000 enfants désirés et cajolés pour un échec?
En plus de ne plus couvrir entièrement la fécondation in vitro, le projet de loi 20 impose des restrictions qui me rendent mal à l’aise. Par exemple, l’aide ne serait dorénavant accessible qu’à ceux qui n’ont aucun enfant, ce qui exclut entre autres ceux qui ont déjà eu un enfant avec le programme. Le but est de fonder des familles. Ce n’est pas comme essayer le saut en parachute et se faire dire: «Tu l’as essayé une fois, c’est assez!»
Je comprends qu’on n’intervienne pas pour permettre un dixième enfant dans une famille, mais si des gens vivent un beau succès, ont un enfant grâce au programme, s’en occupent bien et en veulent un autre, ça me paraît heureux de le leur permettre.
GARDER L’ESSENTIEL
Cela étant dit, le ministre de la Santé a raison sur plusieurs des encadrements qu’il propose. À l’usage, on se rend compte des ajustements dont un tel programme a besoin. Mais abandonner l’essentiel serait un recul pour la société québécoise à une époque où la plupart des pays se dotent de telles mesures.
Quant à l’opinion publique québécoise, généralement pro-famille, cela demeure pour moi un mystère qu’elle ait toujours semblé bouder cette aide à avoir des bébés.