SAQ, une crise qui tourne au vinaigre
L’article de Pierre Couture publié lundi par Le Journal et intitulé «La SAQ nous vend de la piquette» a de quoi faire réfléchir nos élus.
Le problème de fond ici ne réside pas dans le fait que les produits soient embouteillés au Québec. Depuis 2008, Julia Wine s’est attaquée aux préjugés tenaces entourant les vins de «dépanneur» en offrant exclusivement des vins de qualité supérieure vendus à travers le réseau alimentation. Avec plus de 9 millions de bouteilles vendues à des prix variant entre 14,99 $ et 99,99 $, Julia Wine a su démontrer par la qualité des vins sélectionnés, mais aussi au moyen de méthodes de transport et d’embouteillage à la fine pointe de la technologie, qu’il était possible de mettre en marché des vins de qualité, embouteillés au Québec.
La crise médiatique qui a secoué la SAQ cette semaine relève davantage d’un manque de transparence découlant d’une réglementation d’étiquetage qui opère un clivage délibéré entre les vins vendus en succursale SAQ et les vins retrouvés dans le secteur alimentation. Au sein de ce dernier, les vins, obligatoirement embouteillés au Québec, ne peuvent afficher aucune mention quant au cépage et à l’appellation sur l’étiquette de la bouteille. De fait, le consommateur qui se retrouve devant une bouteille au supermarché ne peut retrouver sur l’étiquette des informations aussi essentielles lorsqu’il est question de vin que sont les cépages et l’appellation. Pourquoi?
Cette réglementation aberrante contribue à créer une discrimination envers les vins du réseau de distribution du secteur alimentation au Québec. Cela n’a pas raison d’être et contribue à entretenir le mythe que les vins du secteur alimentation sont de gamme inférieure à ceux de la SAQ. Ce qui, devons-nous le mentionner, n’est pas le cas pour plusieurs produits. La crise de cette semaine nous a démontré que c’est le consommateur qui subit principalement les conséquences de l’étiquetage déficient. Un règlement d’étiquetage qui privilégie ou dissimule l’information, selon le réseau dans lequel le vin est distribué, sans égard pour celui qui achète le produit, c’est inacceptable.
Afin d’éviter d’autres dérapages publics comme celui qu’a connu la SAQ cette semaine, mesdames et messieurs les élus, ne serait-il pas temps d’apporter un changement à la réglementation actuelle (il ne s’agit pas ici de loi, mais bien de réglementation), un changement qui permettrait au consommateur de savoir véritablement ce qui se retrouve dans son verre?
Alain Lord Mounir Président et chef du conseil d’administration Julia Wine Group