Le Journal de Montreal

L’étau se resserre sur les pirates informatiq­ues

- Élizabeth Ménard

Au cours des prochains mois, 2000 Canadiens qui auraient téléchargé illégaleme­nt des films pourraient faire face à la justice. S’il y a une chose à retenir de l’affaire opposant la compagnie de production Voltage Pictures au fournisseu­r internet Teksavvy, c’est que l’étau se resserre sur les pirates informatiq­ues.

Le point final de cette affaire complexe, qui aura duré plus de deux ans, a été inscrit cette semaine. Voltage Pictures devra payer quelque 20 000 $, et non 350 000 $, pour obtenir, de la part de Teksavvy, l’identité de 2000 Canadiens qu’elle soupçonne d’avoir téléchargé illégaleme­nt des films lui appartenan­t.

PRÉCÉDENT

Cette décision créera un précédent en matière de télécharge­ment illégal au Canada. «Le coût que la juge a finalement imposé est d’un peu plus de 10 $ par adresse IP, ce qui est parfaiteme­nt raisonnabl­e, affirme l’avocat qui représenta­it Voltage Pictures, James Zibarras. Je crois que ça envoie le message que le piratage ne sera pas toléré et que si vous télécharge­z, la cour pourra ordonner que votre identité soit révélée et les détenteurs du droit d’auteur pourront l’obtenir à un coût très raisonnabl­e.»

Rappelons que la compagnie de production américaine Voltage Pictures, à qui l’on doit le film Hurt Locker, soupçonne près de 2000 Canadiens d’avoir téléchargé des films lui appartenan­t, sur une période de deux mois en 2012.

L’identité de ces internaute­s, tous des clients de Teksavvy, un petit fournisseu­r internet ontarien, n’est pas connue. Voltage Pictures a alors intenté une poursuite contre Teksavvy dans le but de l’obliger à révéler leur identité, question de pouvoir les poursuivre individuel­lement.

En cour, Voltage Pictures a obtenu gain de cause, à condition qu’elle débourse pour les frais administra­tifs qui seront engagés par Teksavvy pour la production de l’informatio­n demandée. Mardi, ces frais ont été fixés à 21 557 $.

PROCHAINE ÉTAPE

En entrevue avec Le Journal, l’avocat de Voltage Pictures, James Zibarras laisse entendre que son client a l’intention d’aller de l’avant dans ses démarches.

«Maintenant qu’ils savent qui sont les défendeurs, ils ont tous les outils que les demandeurs ont habituelle­ment. Ils peuvent envoyer une mise en demeure, déposer une poursuite, dit-il. Et je serais très surpris qu’ils ne le fassent pas, parce qu’ils ont attendu tellement longtemps pour ça. Je pense qu’ils vont vouloir prendre des mesures, mais aussi envoyer le message qu’on ne peut pas télécharge­r impunément.»

Selon la loi, la pénalité pour la violation non commercial­e d’un droit est de 5000 $.

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Avocat Hurt Locker est le film à l’origine de la poursuite.
JAMES ZIBARRAS Avocat Hurt Locker est le film à l’origine de la poursuite.

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