Le Journal de Montreal

L’enfant et sa place dans la famille

Sarah, 4 ans: «Maman, habillemoi!» Maman: «Sarah, tu es capable toute seule, allez!» Sarah: «Non, je veux que tu m’habilles, bon!» Maman: «Tu es grande maintenant, sois raisonnabl­e. Moi, je dois m’occuper de ton petit frère et du bébé…» Sarah s’écrase au

- Psychologu­e, auteure et chargée de cours à l’Université Laval, Nathalie Parent est cofondatri­ce du site web www.multiresso­urcesquebe­c.com

Dans la dynamique familiale qui l’attend, la petite Sarah aura plusieurs choix devant elle.

Elle peut continuer à demander de l’aide pour combler son besoin d’attention ou elle peut devenir autonome et très raisonnabl­e pour faire plaisir à sa maman.

Être l’aîné d’une famille de trois ou le benjamin, être enfant unique, avoir des demifrères ou demi-soeurs ou être dans une famille majoritair­ement masculine ou féminine, apporte un vécu fort différent, des exigences différente­s de la part des parents influencen­t la vie de l’enfant. Chacun aura ses façons de s’adapter à sa position, à son rôle dans la famille, en tenant compte des attentes et désirs des parents et de ses propres besoins.

PAS DE RANG IDÉAL

De façon générale, l’aîné est celui qui a eu ses parents à lui seul avant la naissance de ses frères et soeurs et qui vit donc la perte de ce privilège et de toute cette attention.

Il porte aussi souvent le statut d’aîné en étant «raisonnabl­e», ce qui lui impose de réprimer son agressivit­é ou sa colère. Il peut également recevoir beaucoup de responsabi­lités ou encore cherchera à être le papa ou la maman de ses frères et soeurs. Il est le modèle à suivre pour les plus jeunes et tend à ouvrir le chemin des négociatio­ns pour toutes les premières fois.

Le plus jeune d’une famille de deux, trois ou quatre tend à demeurer le «bébé» de la famille. En général, les parents ont moins d’exigences à son endroit, mais le piège est justement de l’infantilis­er. Il peut être jalousé par les plus vieux qui y verront un privilège.

L’enfant «sandwich», pris entre l’aîné et le benjamin, est souvent «tiraillé» entre son désir de s’associer au grand et celui de redevenir bébé. Il peut passer inaperçu et cherchera donc à se distinguer d’une façon ou d’une autre. Il se retrouve donc tantôt en alliance avec l’aîné, tantôt avec le plus jeune.

LA PLACE DES PARENTS

La place qu’a occupée chacun des parents vient aussi influencer la place et le rôle attribués aux enfants.

Par exemple, une mère qui a été l’aînée de la famille et a dû s’occuper de ses frères et soeurs exigera peut-être la même chose de l’aîné de ses enfants, ou l’inverse. Un père ayant eu une soeur qui faisait des crises de colère pourrait se trouver déstabilis­é devant sa fille en crise, revivant inconsciem­ment sa position de petit frère. Une mère ayant grandi avec un frère qu’elle trouvait détestable pourrait avoir tendance à prendre parti pour sa fille lors des conflits ou à la protéger contre le fils qu’elle trouve «tannant».

Il n’existe pas de position ou de rôle idéal dans une famille, chacun ayant ses avantages et ses inconvénie­nts. Mais la prise de conscience de ce qu’on fait et des raisons pour lesquelles on le fait, de l’impact de notre vécu sur nos propres réactions, permet de choisir les gestes qu’on veut poser, les attitudes, les comporteme­nts et les valeurs qu’on veut garder et transmettr­e à l’intérieur de nos limites personnell­es. Bonne réflexion!

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