Le Journal de Montreal

Un ex-employé de la Ville part en prison

- MICHAEL NGUYEN michael.nguyen @quebecorme­dia.com f 514.599.5888 8010

La tête basse et muni de deux petits sacs contenant quelques effets personnels, un exsurveill­ant de chantier corrompu de la Ville de Montréal a pris hier le chemin de la prison.

«Le crime ne paie pas, il est l’artisan de son propre malheur et il doit en accepter les conséquenc­es», a lancé le juge Robert Marchi dans le dossier de François Thériault.

Le magistrat s’est ainsi plié aux suggestion­s des parties, qui recommanda­ient une peine de prison ferme d’une année contre l’accusé de 56 ans, coupable non seulement de fraude et de complot pour fraude, mais aussi de parjure pour avoir menti lors de son passage à la commission Charbonnea­u.

Car lors de son passage à la Commission en 2012, Thériault avait avoué avoir reçu des billets de hockey et des bouteilles de vin de la part d’entreprene­urs, mais il avait oublié de mentionner un rabais de 30 000 $ octroyé par une entreprise de constructi­on pour l’achat de sa maison neuve à Laval.

«Ce qu’il a dit n’était en rien comparable à ce qu’il n’a pas dit», a commenté le juge Marchi.

PENSION PERDUE

Quant aux fraudes totalisant 30 000 $, elles sont survenues en 2006 et 2007, à l’époque où il était employé par la Ville. Thériault avait autorisé des travaux d’épandage d’abats de poussière qui n’avaient jamais été livrés.

En plus de sa peine d’un an d’incarcérat­ion, Thériault a dû indemniser la Ville. Il a aussi perdu des bénéfices de son fonds de pension, auquel il a cotisé pendant 22 ans.

Le surveillan­t déchu a également écopé d’une amende de 30 000 $ à payer d’ici deux ans, faute de quoi il devra passer une année de plus derrière les barreaux.

«M. Thériault n’a pas profité de son crime, et la sentence imposée vise à dissuader ceux et celles qui auraient l’idée de faire pareil», a expliqué la procureure de la Couronne Mélanie Hébert.

«Il a dû disposer de sa résidence et son couple a été détruit, M. Thériault veut maintenant tourner la page», a dit l’avocat de la défense, M Normand Bibeau.

Mais selon lui, la Ville devrait faire un «examen de conscience» sur sa façon de gérer les contrats de constructi­on.

«Il y a du grand laxisme dans le niveau de gestion et du contrôle dans des chantiers, et des contracteu­rs en ont profité», a-t-il dit.

L’avocat en a également profité pour décocher une flèche au maire Denis Coderre. «Au lieu de nous chercher une équipe de baseball profession­nel, il aurait intérêt à faire le ménage dans son écurie», a conclu M Bibeau.

 ??  ?? François Thériault a non seulement perdu sa conjointe, sa maison et sa pension, mais aussi sa liberté. L’ex-employé de la Ville passera la prochaine année en prison.
François Thériault a non seulement perdu sa conjointe, sa maison et sa pension, mais aussi sa liberté. L’ex-employé de la Ville passera la prochaine année en prison.

Newspapers in French

Newspapers from Canada