Le Journal de Montreal

L’école Loyola peut enseigner le catholicis­me à sa façon

- Camille Laurin-Desjardins CDesjardin­sJDM 514.599.5888 8050 camille.laurin-desjardins@quebecorme­dia.com

La porte est maintenant ouverte pour les écoles confession­nelles qui voudraient enseigner le cours d’éthique et culture religieuse (ÉCR) à leur manière, avec le jugement de la Cour suprême qui autorise l’école jésuite Loyola à donner sa version du cours.

Le plus haut tribunal du pays a donné raison en partie à l’institutio­n, hier matin, qui requérait le droit d’enseigner la foi catholique à ses élèves selon un point de vue catholique.

Le cours d’ÉCR, obligatoir­e dans toutes les écoles du Québec, exige que les enseignant­s abordent toutes les religions d’un point de vue neutre. L’école montréalai­se plaidait que cela portait atteinte à son droit à la liberté de religion.

L’école secondaire n’est toutefois pas libérée de donner le cours d’ÉCR. Les enseignant­s devront aborder les autres religions d’un point de vue neutre, mais pourront parler de la foi catholique d’un point de vue religieux. En ce qui concerne le volet éthique du cours, l’école pourra enseigner la position de l’Église catholique, mais devra également présenter les positions des autres religions.

D’AUTRES ÉCOLES

Est-ce dire que cela permet également à toutes les écoles privées confession­nelles de faire de même?

«Disons que cela ouvre la voie à d’autres écoles qui auraient été plus craintives de faire la demande», affirme la présidente de l’Associatio­n des parents catholique­s du Québec, Diane Joyal, qui s’est dite ravie de la décision.

Mais attention, les écoles qui voudront se prémunir de ce même droit à liberté de religion devront respecter des critères précis, croit Víctor Muñiz-Fraticelli, professeur agrégé de droit et de sciences politiques à l’Université McGill.

«Tout le monde ne peut pas enseigner ce qu’il veut. Ce doit être un enseigneme­nt respectueu­x et objectif, et qui doit équivaloir au cours d’ÉCR», dit-il.

Le principe de droit s’appliquant à tout le monde, il viendra peut-être clarifier les règles à l’inverse, selon l’avocat François Côté. «Cela vient clarifier une zone grise dans laquelle se trouvent certaines écoles confession­nelles, qui échappent aux critères du ministère, en ce moment.»

DANS LE CAMP DU MINISTRE

En 2008, l’école Loyola avait demandé au ministère de l’Éducation une exemption d’enseigner ce cours, qui lui avait été refusée. La Cour suprême a statué que ce refus portait gravement atteinte à la liberté de religion de l’école, et renvoie maintenant la balle au nouveau ministre, qui devra rendre une décision.

Par voie de communiqué, François Blais a fait savoir qu’il voulait prendre le temps d’analyser en profondeur ce jugement avant de se prononcer.

L’école Loyola avait obtenu gain de cause devant la Cour supérieure du Québec, en 2010. Le jugement avait par la suite été annulé par la Cour d’appel du Québec en décembre 2012.

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L’école montréalai­se Loyola, de tradition jésuite, demandait depuis 2008 d’être exemptée du cours d’éthique et culture religieuse pour pouvoir adopter un point de vue partial dans l’enseigneme­nt de la religion catholique.
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Professeur Université McGill
VICTOR MUÑIZ-F. Professeur Université McGill

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