Le Journal de Montreal

Gagnant ou perdant

- michel girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Comme prévu, la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise recommande au gouverneme­nt Couillard de troquer une alléchante baisse d’impôt pour une douloureus­e hausse de taxes et de tarifs et de réduction d’avantages fiscaux.

Et tout ce chambardem­ent fiscal de l’ordre de 5,9 milliards de dollars se ferait à coût nul, tant au chapitre de la réduction de 4,4 milliards de l’impôt des particulie­rs que de la baisse de 1,5 milliard de la facture fiscale des sociétés.

Et de plus, le professeur de fiscalité Luc Godbout et son équipe de spécialist­es estiment que la réforme proposée générerait une augmentati­on de 2 milliards du PIB du Québec, en plus de dégager une marge de 600 millions de revenu disponible. Comment une réforme à coût nul pour le gouverneme­nt du Québec pourrait-elle s’avérer si rentable, économique­ment parlant ? Selon les experts de la Commission Godbout, les retombées économique­s d’une baisse d’impôt seraient nettement plus élevées que les conséquenc­es d’une hausse de taxes et de tarifs.

MAIS…

Mais qui dit réforme à coût nul pour le gouverneme­nt du Québec ne signifie pas que tout le monde va y gagner au change. La raison en est bien simple : la réforme permettrai­t à un grand nombre de ménages de se retrouver dans le camp des gagnants, notamment ceux qui gagnent 100 000 $ et moins de revenu de travail.

Si la réforme s’effectue à coût nul et que plein de contribuab­les y gagnent au change, cela laisse inévitable­ment entendre qu’il y aura des perdants, dont la facture globale (impôt, taxes, tarifs) sera plus élevée. Il est toutefois difficile de déterminer actuelleme­nt qui sont les vrais perdants de la grande réforme de fiscalité proposée par l’équipe de Luc Godbout.

Voici pourquoi. Dans le rapport, on y présente les effets escomptés de la réforme sur plusieurs cas types de ménages, avec enfants et sans enfants. Il faut toutefois prendre cela avec une certaine réserve puisque les exemples donnés ne tiennent pas compte de tous les changement­s proposés, dont notamment la hausse importante des tarifs d’électricit­é.

DES PERDANTS

Avec une telle réforme de la fiscalité des particulie­rs, il est évident qu’un grand nombre de contribuab­les vont se retrouver dans le camp des perdants, outre les traditionn­elles « victimes » que sont les fumeurs et les amateurs de vin et d’alcool.

Prenez les gens qui vont se faire construire une maison ou se lancer dans des travaux de rénovation. Ils vont se faire frapper de plein fouet par la hausse de la TVQ de 1%.

La hausse des tarifs d’électricit­é risque par ailleurs de freiner les ménages avec enfants qui souhaitaie­nt déménager leurs pénates dans une plus grande propriété.

Acheter une voiture de luxe nécessiter­a sans doute un moment de réflexion ne serait-ce qu’en raison du droit d’immatricul­ation additionne­l que l’on suggère de charger sur les voitures de luxe.

Autre mesure susceptibl­e de faire mal aux petits investisse­urs cette fois : l’éliminatio­n du traitement fiscal privilégié qui est actuelleme­nt accordé aux gains en capital. Seulement la moitié des gains en capital est présenteme­nt assujetti à l’impôt. La réforme Godbout propose d’éliminer en quelque sorte cet avantage fiscal.

La recommanda­tion de la Commission Godbout qui ne soulèvera aucun tollé de la part des salariés c’est le numéro 27 : « que le traitement préférenti­el offert aux options d’achat d’actions accordées aux employés (des entreprise­s inscrites en Bourse) soit aboli. »

En terminant, hausser la TVQ risque d’entraîner une hausse du travail au noir. Pas très payant !

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