Psycho/Lecourrier
La jouissance sexuelle m’est inconnue
Certains ne croient pas cela possible, mais je pourrais vous en raconter des histoires de personnes dans la quarantaine qui n’ont jamais eu de relations sexuelles. En ce qui me concerne, ça m’est arrivé sur le tard. La timidité, la peur, une certaine maladresse et mon apparence physique forment un tout pouvant expliquer cela. Bien qu’au final, je me considère comme un pion de je ne sais quel jeu cosmique.
Dans mon adolescence, j’ai répertorié sept filles amoureuses de moi, mais j’ai subi une telle dose d’intimidation de la part de camarades et de faux amis, que je refusais de me laisser aller à toute relation sexuelle. Je le faisais aussi par fidélité à une amie qui était secrètement amoureuse de moi et que je ne voulais pas blesser.
Mes études terminées, animé d’une telle soif de solitude, j’ai coupé les ponts avec toutes mes connaissances. Comme je n’avais aucune attirance pour ces lieux de rencontres que sont les bars et les discothèques, ce n’est qu’au début de la trentaine que je suis allé rencontrer dans son pays natal une belle Algérienne connue par correspondance. Elle voulait se marier vierge, alors je suis rentré au pays pour amorcer les démarches pour l’épouser. Mais entre temps elle est décédée dans un accident d’auto.
À partir de 34 ans et encore vierge, j’ai fréquenté des sites de rencontre, mais j’ai toujours refusé de payer pour avoir du sexe. C’est seulement à 42 ans que j’ai rencontré ma compagne des dix dernières années. Il s’agit d’une ancienne connaissance que j’avais embrassé pour la première fois à 12 ans alors qu’elle en avait 10. Notre première nuit ensemble fuit notre première nuit de sexe à tous les deux. S’il existe une définition des mots « vraie performance sexuelle », je dirais que c’est un homme qui peut faire l’amour pendant des heures sans jouir, juste pour faire jouir sa blonde, comme je fais avec la mienne qui y parvient difficilement.
Et croyez-moi, on ne se dispute jamais.
On est heureux
J’ai bien du mal à comprendre pourquoi vous m’avez écrit. Si c’est pour vous vanter de vos performances
Pensée du jour C’est à l’endroit qu’il aime, qu’un homme construit. C’est l’endroit où l’on meurt qui est le bercail.
– Chant Nyanga
au lit, je vous dirais que l’amour est aussi un échange, et que sans cet échange il me semble manquer quelque chose à l’amour. Si c’est pour me dire que certains hommes ne jouissent pas, je le savais déjà. Si c’est pour déplorer que l’intimidation vécue dans l’enfance soit responsable de votre blocage sexuel, je pourrais vous diriger vers des soins appropriés. Un peu plus de clarté m’aurait plu.
J’ai peur du risque
Nous sommes ensemble ma femme et moi depuis 50 ans. Nous avons eu trois enfants qui ont chacun leur famille et à qui nous avons toujours donné l’image d’un couple uni, à défaut d’être heureux, car je ne le suis pas vraiment. Ma femme a toujours été un glaçon au lit, et nos plus beaux moments ensemble furent ceux passés en compagnie de nos enfants puisque c’est ce qui a toujours compté le plus pour elle. J’ai tardé le plus possible à prendre ma retraite car je savais que ce serait plate à mort avec une femme qui refuse mes avances sexuelles depuis 15 ans, même en voyage dans le sud, et avec qui je ne partage aucun loisir. Donnez-moi un truc pour dégeler mon glaçon avant que je n’en fasse une dépression.
Mari découragé
Quel mandat! Vous me demandez d’agir sur une situation que vous avez laissée se former pendant les 15 dernières années sans rien faire. À sa face même, c’est une mission quasi impossible. Si vous commenciez par faire l’effort de trouver une activité fédératrice entre vous deux pour créer un lien vous permettant de reconnecter sur le plan sensoriel, et avec l’aide de lectures, parvenir à vous rejoindre physiquement? Sachez aussi que la thérapie n’est pas interdite aux séniors.