Le Journal de Montreal

Un registre des armes à feu : inutile et coûteux

- Stephen Buddo et Claude Colgan, Codirecteu­rs pour le Québec, Associatio­n canadienne pour les armes à feu

Permettez-nous de riposter à la chronique de Gilles Duceppe, parue le samedi 28 mars 2015, et intitulée «Registre des armes à feu: Québec doit agir».

Monsieur Duceppe compare le défunt registre des armes longues (carabines et fusils de chasse) au registre des autos, des embarcatio­ns, des chiens et des prises de poisson. En fait, la plupart des registres ne sont que des taxes déguisées. Sauf que, dans le cas du registre des armes, c’est plus insidieux, car les registres d’armes à feu ont historique­ment précédé leur confiscati­on par l’État. C’est exactement ce qui est arrivé dans d’autres pays du Commonweal­th, soit au Royaume-Uni et en Australie. Nous ne sommes pas dupes!

Le défunt registre des armes longues était un symbole coûteux et inutile concernant la sécurité publique. Le concept même qu’un registre accroît la sécurité publique est totalement loufoque. Selon les comparaiso­ns de monsieur Duceppe, on doit se questionne­r. Le registre des autos a-t-il empêché les gens de conduire en état d’ébriété ou de faire de la vitesse ou de brûler les feux rouges? Évidemment que non. Ce n’est pas en inscrivant un objet inanimé dans une base de données que l’on change le comporteme­nt humain.

L’État détient pourtant tous les outils nécessaire­s pour assurer la sécurité publique concernant les armes longues; c’est-à-dire que le Permis Possession/Acquisitio­n (PPA) est toujours requis pour posséder et acquérir des armes longues ainsi que des munitions et les policiers peuvent toujours demander un mandat de perquisiti­on s’ils doivent saisir une ou des armes. Le registre des armes prohibées et restreinte­s demeure en place.

Le gouverneme­nt provincial actuel voudrait créer son propre registre des armes longues, à grands frais. La somme de 30 millions de dollars a été avancée. Étant donné le succès que le gouverneme­nt a connu dans le passé concernant les projets informatiq­ues, il y a fort à parier que ce projet coûtera plus cher que prévu. N’oublions pas qu’Allan Rock, ministre de la Justice à l’époque, avait proclamé que le registre fédéral des armes longues coûterait 2 millions $. Le projet a fini par coûter 2 milliards $, soit 1000 fois plus cher que prévu!

L’Associatio­n canadienne pour les armes à feu (ACAF) est de l’opinion que si le gouverneme­nt du Québec veut dépenser 30 millions de fonds publics pour accroître la sécurité publique concernant les armes à feu, cette somme serait mieux dépensée dans le système de santé et plus précisémen­t en santé mentale, car, comme Claude Colgan a déjà dit: «Ce n’est pas un numéro de série qui a tué ma soeur, c’est un fou qui a tué ma soeur!» Sans être psychologu­es ou psychiatre­s, nous croyons que le caporal Denis Lortie, Marc Lépine, Valery Fabrikant et Kimveer Gill auraient tous bénéficié de soins afin de diagnostiq­uer et traiter leurs maladies respective­s avant qu’ils ne commettent l’irréparabl­e.

Einstein définissai­t la folie comme: «Répéter le même processus tout en espérant un résultat différent.» Espérons que le gouverneme­nt du Québec puisse tirer une leçon de cette idée folle de vouloir répéter un fiasco.

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