Un registre des armes à feu : inutile et coûteux
Permettez-nous de riposter à la chronique de Gilles Duceppe, parue le samedi 28 mars 2015, et intitulée «Registre des armes à feu: Québec doit agir».
Monsieur Duceppe compare le défunt registre des armes longues (carabines et fusils de chasse) au registre des autos, des embarcations, des chiens et des prises de poisson. En fait, la plupart des registres ne sont que des taxes déguisées. Sauf que, dans le cas du registre des armes, c’est plus insidieux, car les registres d’armes à feu ont historiquement précédé leur confiscation par l’État. C’est exactement ce qui est arrivé dans d’autres pays du Commonwealth, soit au Royaume-Uni et en Australie. Nous ne sommes pas dupes!
Le défunt registre des armes longues était un symbole coûteux et inutile concernant la sécurité publique. Le concept même qu’un registre accroît la sécurité publique est totalement loufoque. Selon les comparaisons de monsieur Duceppe, on doit se questionner. Le registre des autos a-t-il empêché les gens de conduire en état d’ébriété ou de faire de la vitesse ou de brûler les feux rouges? Évidemment que non. Ce n’est pas en inscrivant un objet inanimé dans une base de données que l’on change le comportement humain.
L’État détient pourtant tous les outils nécessaires pour assurer la sécurité publique concernant les armes longues; c’est-à-dire que le Permis Possession/Acquisition (PPA) est toujours requis pour posséder et acquérir des armes longues ainsi que des munitions et les policiers peuvent toujours demander un mandat de perquisition s’ils doivent saisir une ou des armes. Le registre des armes prohibées et restreintes demeure en place.
Le gouvernement provincial actuel voudrait créer son propre registre des armes longues, à grands frais. La somme de 30 millions de dollars a été avancée. Étant donné le succès que le gouvernement a connu dans le passé concernant les projets informatiques, il y a fort à parier que ce projet coûtera plus cher que prévu. N’oublions pas qu’Allan Rock, ministre de la Justice à l’époque, avait proclamé que le registre fédéral des armes longues coûterait 2 millions $. Le projet a fini par coûter 2 milliards $, soit 1000 fois plus cher que prévu!
L’Association canadienne pour les armes à feu (ACAF) est de l’opinion que si le gouvernement du Québec veut dépenser 30 millions de fonds publics pour accroître la sécurité publique concernant les armes à feu, cette somme serait mieux dépensée dans le système de santé et plus précisément en santé mentale, car, comme Claude Colgan a déjà dit: «Ce n’est pas un numéro de série qui a tué ma soeur, c’est un fou qui a tué ma soeur!» Sans être psychologues ou psychiatres, nous croyons que le caporal Denis Lortie, Marc Lépine, Valery Fabrikant et Kimveer Gill auraient tous bénéficié de soins afin de diagnostiquer et traiter leurs maladies respectives avant qu’ils ne commettent l’irréparable.
Einstein définissait la folie comme: «Répéter le même processus tout en espérant un résultat différent.» Espérons que le gouvernement du Québec puisse tirer une leçon de cette idée folle de vouloir répéter un fiasco.