Le bal du 1%
L’obligation faite aux entreprises par la loi 90 de consacrer 1 % de leur masse salariale pour des activités de formation des employés avait peut-être un noble objectif lors de son adoption par un gouvernement du parti québécois en 1995. son application s’est cependant révélée une véritable farce dans le secteur public, en raison d’une définition trop extensive de la formation.
On ne compte plus les cas d’ateliers, de colloques, de conférences à gogo, dans de luxueux hôtels et auberges qui n’ont pas de liens directs et concrets avec le travail des cadres ou des salariés auxquels ils sont destinés.
Le programme du colloque offert à 300 cadres des CPE en mai prochain au Château Frontenac, avec bal en blanc, yoga et autres, n’est que le plus récent exemple en lice. La nouvelle publiée jeudi par Le Journal a choqué doublement parce que 24 heures plus tôt, des directions de CPE menaçaient de sabrer les repas et les collations des enfants, en raison des coupes imposées par le gouvernement Couillard. Les dépenses des participants à ce colloque-party sont évidemment assumées à même les budgets alloués à chaque CPE.
SPÉCIFICITÉ OBLIGE
Le Québec est la seule juridiction en Amérique du Nord dotée d’une telle loi.
Dans le secteur privé, les employeurs voient à une utilisation judicieuse de cette enveloppe budgétaire, généralement pour des formations susceptibles d’accroître la productivité et la polyvalence des salariés ou pour des perfectionnements scolaires.
Dans le secteur public, la loi sert très souvent d’alibi pour l’organisation de coûteuses activités récréo-sociales qui font à juste titre scandale lorsqu’elles sont dévoilées.
Quand une véritable formation s’impose en raison de changements technologiques, des méthodes de travail ou pour des cours dans le cadre d’un cheminement de carrière, les conventions collectives ou les contrats de travail, des directeurs en prévoient les dispositions.
PAR-DESSUS BORD
Dans le secteur privé, les employeurs avertis sont bien conscients de l’importance de la formation continue. Ils n’ont pas besoin d’une loi pour les forcer.
De plus, les employeurs ont dénoncé à plusieurs reprises la lourdeur de la paperasserie qui s’y rattache, au point que certains préfèrent se soumettre à une pénalité financière plutôt que de remplir celle-ci.
Le ministre Sam Hamad mettrait fin à des dépenses de fonds publics indéfendables et il soulagerait les employeurs du privé en balançant cette loi par-dessus bord.
Son autre choix, plus modéré, est de resserrer fortement la réglementation de la loi du 1 % pour restreindre la formation acceptée à des programmes en lien direct avec la mission de chaque organisation et à ceux, sans être indispensables, qui peuvent s’avérer très utiles. Des firmes de consultants ont développé de bons programmes, en gestion de crise par exemple.
Une véritable industrie parasitaire de la loi du 1 % a cependant émergé, qui cible des organisations-poissons du secteur public auxquelles elle réussit à vendre des activités qualifiées de formations, mais qui s’apparentent plus à de la chocolothérapie.
Ce sont les firmes de cette catégorie qu’il faut sortir du décor, à défaut de compter sur des administrateurs responsables, pour choisir les activités de véritable formation, défrayées à même les fonds publics.
Les employeurs avertis sont bien conscients de l’importance de la formation continue. Ils n’ont pas besoin d’une loi pour les forcer.