Exclus de la maternelle à cause de leur code postal
Des élèves défavorisés de partout à travers le Québec n’ont pas accès à la maternelle à l’âge de 4 ans en raison de leur code postal.
Depuis septembre 2013, le ministère de l’Éducation tente d’ouvrir des classes de maternelle à temps plein destinées aux enfants de 4 ans issus de milieux défavorisés, afin de lutter contre le décrochage scolaire.
Or, cette mesure ne semble pas donner les résultats escomptés, selon un rapport préliminaire d’évaluation rédigé par le ministère.
En 2014-2015, seulement 968 élèves de 4 ans ont pu entrer à la maternelle, alors que le ministère estime que plus de 18000 enfants du même âge pourraient profiter de ce programme.
Aussi, plusieurs enfants d’âge préscolaire n’ont pas pu avoir accès aux classes, parce que leur quartier n’était pas jugé comme étant assez défavorisé.
GRAVES LACUNES
Pour aider les écoles à bâtir les classes, le ministère leur a envoyé des listes de codes postaux correspondant à des territoires défavorisés.
«Les écoles se sont retrouvées à sélectionner un enfant en difficulté à cause de son code postal, mais pas son voisin d’en arrière parce que celui-ci n’était pas sur la liste. C’est une lacune importante», dénonce Lorraine NormandCharbonneau, présidente de la Fédération québécoise des directions d’établissement (FQDE).
Les enseignants consultés ont également dénoncé cette méthode de sélection «incohérente».
«Exclure des familles parce que leur résidence ne se situe pas dans un secteur [...] alors qu’elles sont défavorisées apparaît à certains inéquitable», peut-on lire dans le document.
PAS ASSEZ DE CLASSES
Les enseignants se sont également plaints du manque de financement et de préparation avant l’ouverture des classes.
On rapporte qu’à certains endroits, les salles de bain ou les cours d’école étaient inadéquates pour des enfants de cet âge.
«Il n’y a que 76 classes ouvertes. Le programme n’est pas mal parti, mais c’est vraiment trop peu», affirme Nathalie Morel de la Fédération autonome de l’enseignement.
«Lors de l’adoption de la loi en 2013, le gouvernement visait à implanter une classe par commission scolaire. Mais certaines commissions scolaires n’ont pas assez d’élèves pour former une classe, alors que d’autres ont des besoins plus importants.»
Du côté du ministère de l’Éducation, on a indiqué que les modalités et conditions du programme seraient réévaluées pour l’an prochain par le ministre. «En visant un territoire où le pourcentage d’enfants défavorisés est statistiquement élevé, on évite la stigmatisation produite si les enfants étaient admis uniquement à partir de la réalité familiale ou économique», a ajouté la porteparole Esther Chouinard.