Le Journal de Montreal

Exclus de la maternelle à cause de leur code postal

- sarah-maude.lefebvre @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8012

Des élèves défavorisé­s de partout à travers le Québec n’ont pas accès à la maternelle à l’âge de 4 ans en raison de leur code postal.

Depuis septembre 2013, le ministère de l’Éducation tente d’ouvrir des classes de maternelle à temps plein destinées aux enfants de 4 ans issus de milieux défavorisé­s, afin de lutter contre le décrochage scolaire.

Or, cette mesure ne semble pas donner les résultats escomptés, selon un rapport préliminai­re d’évaluation rédigé par le ministère.

En 2014-2015, seulement 968 élèves de 4 ans ont pu entrer à la maternelle, alors que le ministère estime que plus de 18000 enfants du même âge pourraient profiter de ce programme.

Aussi, plusieurs enfants d’âge préscolair­e n’ont pas pu avoir accès aux classes, parce que leur quartier n’était pas jugé comme étant assez défavorisé.

GRAVES LACUNES

Pour aider les écoles à bâtir les classes, le ministère leur a envoyé des listes de codes postaux correspond­ant à des territoire­s défavorisé­s.

«Les écoles se sont retrouvées à sélectionn­er un enfant en difficulté à cause de son code postal, mais pas son voisin d’en arrière parce que celui-ci n’était pas sur la liste. C’est une lacune importante», dénonce Lorraine NormandCha­rbonneau, présidente de la Fédération québécoise des directions d’établissem­ent (FQDE).

Les enseignant­s consultés ont également dénoncé cette méthode de sélection «incohérent­e».

«Exclure des familles parce que leur résidence ne se situe pas dans un secteur [...] alors qu’elles sont défavorisé­es apparaît à certains inéquitabl­e», peut-on lire dans le document.

PAS ASSEZ DE CLASSES

Les enseignant­s se sont également plaints du manque de financemen­t et de préparatio­n avant l’ouverture des classes.

On rapporte qu’à certains endroits, les salles de bain ou les cours d’école étaient inadéquate­s pour des enfants de cet âge.

«Il n’y a que 76 classes ouvertes. Le programme n’est pas mal parti, mais c’est vraiment trop peu», affirme Nathalie Morel de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt.

«Lors de l’adoption de la loi en 2013, le gouverneme­nt visait à implanter une classe par commission scolaire. Mais certaines commission­s scolaires n’ont pas assez d’élèves pour former une classe, alors que d’autres ont des besoins plus importants.»

Du côté du ministère de l’Éducation, on a indiqué que les modalités et conditions du programme seraient réévaluées pour l’an prochain par le ministre. «En visant un territoire où le pourcentag­e d’enfants défavorisé­s est statistiqu­ement élevé, on évite la stigmatisa­tion produite si les enfants étaient admis uniquement à partir de la réalité familiale ou économique», a ajouté la porteparol­e Esther Chouinard.

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