Le Journal de Montreal

Les Québécois en faveur des coupes

Cela ne veut pas dire qu’ils ont confiance au gouverneme­nt pour atteindre le déficit zéro

- BAPTISTE ZAPIRAIN Le Journal de Montréal La Vraie Question est aussi diffusée les mercredis au TVA Nouvelles de 22 h

La majorité des Québécois sont prêts à couper dans les services et les fonctionna­ires pour réduire le déficit de l’État, révèle un sondage Léger marketing publié ce matin.

Ils sont 53 % en faveur des compressio­ns, alors que seuls 23 % préférerai­ent plutôt augmenter les taxes et les revenus du gouverneme­nt. Les plus démunis devraient même se débrouille­r par eux-mêmes plutôt que d’être davantage aidés par l’État, disent 42 % des sondés. «Cela semble donner raison à la politique d’austérité du gouverneme­nt de Philippe Couilard, qui prétend parler au nom de la majorité silencieus­e», constate Jacques Beauchemin, professeur de sociologie politique à l’UQAM.

Mais l’ampleur de ces chiffres l’étonne. «C’est un pilier de la Révolution tranquille qui est en train de vaciller, celui de l’État Providence», dit-il.

Les gens n’aiment pas payer plus cher l’électricit­é ou les garderies, mais ils deviennent fatalistes, pense le professeur.

«L’idée que cela coûte trop cher et qu’il y a du gaspillage fait son chemin. Et la politique d’austérité accable la classe moyenne. Alors elle se dit “je fais ma part, fais la tienne”.»

PAS DE CONFIANCE

Cependant, si les Québécois semblent partager l’objectif du déficit zéro avec le gouverneme­nt, cela ne veut pas dire qu’ils ont confiance en lui pour y arriver.

«Il n’y a que 14 % des Québécois qui pensent que le gouverneme­nt va réussir», précise Jean-Marc Léger, président de Léger marketing, citant un sondage de février.

Il faudra voir aussi si les Québécois seront toujours favorables aux coupures quand le budget d’austérité va se concrétise­r dans les prochains mois, souligne le président de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt, Sylvain Mallette.

«Une question n’a pas été posée: quel service voulez-vous voir disparaîtr­e? Les résultats auraient été bien différents», croit-il.

La Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ) est convaincue que personne ne veut de compressio­ns en santé.

«Personne ne choisit de tomber malade ou d’avoir un enfant handicapé», réagit sa présidente Régine Laurent.

Le sondage a été réalisé par internet du 9 au 12 mars 2015 auprès de 1000 Québécois représenta­tifs. L’échantillo­n a été pondéré selon la langue, le sexe, l’âge et la région.

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Philippe Couillard prévoit à la fois une baisse des services et une hausse des tarifs, dénonce Régine Laurent de la FIQ.

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