Pas facile à déchiffrer
Accompagné d’une quinzaine de ministres, le premier ministre Philippe Couillard a relancé hier le méga projet de développement du Plan Nord, mais sous une version moins ambitieuse que la version initiale lancée en 2011 par l’ancien premier ministre libéral, Jean Charest.
Le gouvernement Couillard anticipe des investissements de 50 milliards d’ici 2035 alors que le précédent gouvernement Charest en prévoyait pour une valeur de 80 milliards de dollars. Il faut dire que de 2011 à aujourd’hui, les prix des métaux se sont littéralement effondrés. Par voie de conséquence, on s’attend forcément à des investissements plus modérés de la part des sociétés minières susceptibles d’être attirées par les richesses naturelles du Nord québécois.
Sur ces 50 milliards, le ministre responsable du Plan Nord, Pierre Arcand, prévoit que l’entreprise privée investira environ 27,5 milliards et le secteur public, 22,5 milliards, dont 20 milliards par l’entremise d’Hydro-Québec. Ces investissements devraient générer 10000 emplois.
DEMEURER RÉALISTE
En cette période d’austérité, il va de soi que la relance du Plan Nord tombe à point pour tenter de stimuler la croissance économique et attirer de nouveaux investissements majeurs de la part de l’industrie minière. Il faut toutefois demeurer réaliste: tant et aussi longtemps que le cycle baissier des prix des métaux perdurera, les investissements privés se feront au compte-gouttes. Mais un de ces jours, il est évident qu’un nouveau cycle haussier s’enclenchera… et que le Nord-du-Québec en profitera si le Plan Nord se concrétise. Voilà pour les fleurs. C’est incroyable de voir à quel point le récent budget du gouvernement Couillard et de son ministre des Finances Carlos Leitao affiche des chiffres trompeurs par rapport aux investissements que le gouvernement entend effectuer dans le fameux développement du Plan Nord.
Page B-185 du budget, on nous présente un tableau quinquennal: «Impact financier des mesures pour mettre en valeur nos ressources naturelles». À la ligne «Développement du Plan Nord», on affiche zéro somme d’argent pour les années allant de l’exercice financier 2015-16 à 2019-20.
Cela dit, à la page suivante du budget (B-186), le ministre Leitao indique qu’une «enveloppe de 425millions de dollars est actuellement prévue pour les cinq prochaines années» au Fonds du Plan Nord.
À quoi servira cette somme? À la lumière des informations transmises hier par le ministre Arcand, une partie de cette somme (soit 357 millions) sera investie d’ici les cinq prochaines années dans le développement du Plan Nord.
CHIFFRES À SUIVRE...
Mais ce n’est pas tout. Des contributions additionnelles de différents ministères, organismes et partenaires permettront d’investir 1,6 milliard de dollars additionnels d’ici 2020. Le budget Leitao n’en parlait pas… à ce que je sache!
Ce qui donne finalement un investissement à saveur gouvernementale de 2 milliards dans le développement du Plan Nord pour les cinq prochaines années.
D’ici 2020, s’ajoutent à cela 20autres milliards qui seront investis par Hydro-Québec, les entreprises et le gouvernement fédéral.
Des chiffres à suivre…