Le Journal de Montreal

La passion de la sauce piquante

Sinaï, c’est d’abord le nom d’une péninsule égyptienne, terreau d’une rencontre amoureuse entre le Québec et l’Égypte, mais c’est aussi celui de la première sauce piquante sans vinaigre, inventée et commercial­isée chez nous par le Montréalai­s Laurence Isa

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«Je suis un amateur de sauce forte depuis l’enfance», raconte l’homme d’affaires de 37 ans, né de l’union d’une Québécoise de Saint-Edwidge et d’un père originaire du Caire.

Curieuseme­nt, ce n’est pas dans le pays de son père, où il a passé plusieurs étés à se régaler de la cuisine de sa grand-mère, qu’il a découvert son penchant pour le piquant. Son baptême avec ce produit hautement addictif a eu lieu très tôt, dans l’Ouest-De-L’Île où il a grandi et vit toujours.

Il mangeait avec sa mère dans un restaurant de cuisine Sichuan. «Les piments séchés qu’on ajoutait à la nourriture m’intriguaie­nt», se rappelle Laurence. «Goûte, lui a suggéré sa mère, tu verras bien.»

S’il n’a pas apprécié l’humour de sa mère, il admet avoir aimé les sensations physiques et le plaisir gustatif que le piment déclenchai­t en lui. Il s’est mis à mettre de la sauce piquante partout: dans sa vinaigrett­e, sur son poisson et même sur ses oeufs le matin.

Ce n’est que plus tard, en développan­t sa passion pour la cuisine, qu’il a commencé à douter de la pertinence d’altérer ainsi le goût des aliments. Le déclic s’est produit en 2011 alors qu’il mangeait dans un Steak House montréalai­s. Ce jour-là, il a réalisé à quel point sa viande goûtait le vinaigre lorsqu’il abusait de la sauce Tabasco.

Il s’est mis à faire des recherches. Il devait bien exister quelque part, une sauce forte qui permettrai­t d’ajouter du piquant à ses mets favoris sans en altérer le goût. Il n’a rien trouvé. Ne restait plus qu’à l’inventer.

Au bout d’une année d’expériment­ation, la sauce Sinaï gourmet, un savoureux coulis de piments forts sans vinaigre, voyait enfin le jour. Elle contient des fines herbes fraîches, du jus de lime et une sélection de piments forts importés d’Amérique Latine et de Floride: le Jalapeño, le Habanero et le Fantôme (Ghost), considéré comme l’un des plus forts au monde jusqu’à l’apparition récente de nouvelles variétés hybrides. Chacune des trois sauces est offerte en version originale ou à l’érable. Le sirop utilisé provient de l’érablière de son cousin et partenaire d’affaires depuis un an.

Le défi était d’inventer une sauce qui puisse se conserver assez longtemps au frigo une fois la bouteille ouverte. «Sans vinaigre, ce n’était pas évident», dit Laurence.

Sa persévéran­ce aura fini par porter ses fruits. Après un baccalauré­at en sciences politiques, une maîtrise en administra­tion, un détour par les banques et quatre années à vendre des chaussures de mise en forme, il a finalement trouvé son bonheur dans une cuisine. «Il y a des choses plus importante­s que l’argent», dit-il.

N’empêche… Si les premières années ont été moins évidentes, ses coulis de piments forts se vendent maintenant dans la plupart des épiceries fines montréalai­ses et de plus en plus de chefs les adoptent dans leur cuisine. Il ne lui reste plus qu’à conquérir le monde et à profiter de la vie en remplissan­t la superbe cuisine de sa maison privée d’invités passionnés comme lui de bonne chère épicée.

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