Le Journal de Montreal

TÉMOIGNAGE­S DE CAMIONNEUR­S

- Marc Laplante et Benoît Morand

Marc Laplante conduit des véhicules lourds depuis 37 ans. Il a commencé sa carrière dans le transport du lait. Il a eu aussi son entreprise, Continenta­l Transport.

« Je voulais être mon propre boss et voir du paysage », raconte Marc Laplante, qui s’est spécialisé dans le transport d’appareils médicaux. Il a fait régulièrem­ent Winnipeg, Chicago et New York.

« J’aimais vraiment ça. J’ai vu de très beaux endroits, comme Chicago et certains coins en Ontario. J’étais le seul patron à bord. Je faisais mon propre horaire. C’est moi qui choisissai­s le moment et l’endroit pour manger ou dormir », ajoute-t-il. À ce sujet, il se rappelle un transport à Chicago où il avait passé la nuit sur un site très dangereux. « Je l’ai su le lendemain, explique-t-il. C’était tout près de l’endroit où je devais faire une livraison et, comme c’était désert, j’ai décidé d’y passer la nuit. Le lendemain, le gars qui m’a reçu à la réception et qui a su ce que j’avais fait, m’a dit que j’avais été très chanceux, car personne ne s’aventure là, même pas dans le jour tellement les crimes y sont nombreux… »

« Mais ce genre d’expérience ça fait partie des plaisirs du métier. On vit toutes sortes d’aventures et moi, j’aimais ça. Ce que je trouvais plate, c’était l’attente. Avant de revenir, tu devais appeler le client, car il avait toujours des arrêts à te faire faire pour cueillir du matériel. Mais des fois, il fallait attendre une journée, et tu n’étais pas payé pour ça. »

« Dans l’ensemble, j’étais bien sur la route, sauf peut-être quand je roulais sur l’autoroute 1, lors du trajet Alberta-Saskatchew­an. C’est une longue route, plate et très droite. Le paysage est ennuyant et les voitures roulent vite… »

« Je dirais dans le fond que c’est un travail qui peut être plaisant pour quelqu’un qui n’a pas de famille ou qui fait le trajet en équipe, avec sa femme ou avec un chum… », termine Marc Laplante, qui conduit aujourd’hui des autobus scolaires. « C’est plus dynamique », dit-il en riant. De 130 000 à 150 000 km par année Benoît Morand en a fait du kilométrag­e. Ce camionneur indépendan­t résidant dans les Laurentide­s conduit des camions depuis qu’il a 19 ans.

Trente ans à parcourir entre 135 000 et 150 000 kilomètres annuelleme­nt. « Je me suis déjà tapé des années de 200 000 kilomètres, affirmet-il. J’ai fait la Californie, très souvent New York, mais maintenant je fais Toronto – Montréal, de trois à quatre fois par semaine. »

Selon Benoît Morand, le métier a énormément changé depuis qu’il a amorcé sa carrière au tournant des années 80. « Il y a des endroits qui se sont grandement améliorés, dit-il. New York, par exemple. Quand j’ai commencé, ce n’était pas reposant. Je voyais des autos montées sur des blocs, les roues volées! J’ai aussi vu des voitures de police virées à l’envers. Ça faisait dur! Maintenant, c’est plus calme. »

« Aujourd’hui, je dirais que la pire route, c’est l’autoroute 401. Elle est terrible; sa circulatio­n est dense, il y a beaucoup de nouveaux chauffeurs qui conduisent mal et qui n’ont pas de respect pour personne. »

« Le travail est bien plus dur. On nous pousse tout le temps. Il faut faire des heures et des heures pour se faire une paye. Les aires de repas ont aussi changé, ce n’est plus que du fast-food. Il faut amener son lunch si on veut bien manger. »

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