Le Journal de Montreal

MONTRÉAL RETOUR SUR L’IMAGE

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1 DU KON TIKI AU JARDIN TIKI

«Messieurs-dames, bienvenus au Kon Tiki!» semble dire le portier à l’entrée de ce restaurant mythique maintenant disparu. Situé au 1455, rue Peel, le Kon Tiki a ouvert ses portes en 1958, au rez-de-chaussée de l’Hôtel Mont-Royal/Sheraton. L’entrée affichait un style «pop-polynésien» spectacula­ire dessiné par l’Américain Stephen Crane, un acteur devenu homme d’affaires et restaurate­ur, surtout connu pour avoir popularisé le style Tiki partout en Amérique. Née aux États-Unis, la fièvre du Tiki a gagné le Québec à la fin des années 1950. En témoignent les «tiki-esques» Hôtel/Motel Coconut (1963) à Trois-Rivières, le Restaurant Luau (1972) à Sainte-Adèle et l’Aloha (1978) à Saint-Jérôme, qui existe toujours. À la fermeture du Kon Tiki, en 1981, un ancien serveur, Douglas Chan, a acquis certains décors et fondé le Jardin Tiki rue Sherbrooke. Devenu unique, son restaurant a permis à Montréal de demeurer la Mecque du Tiki jusqu’au moment où cette mode est passée.

Quand vous lirez ces lignes, il sera trop tard pour le voir puisqu’il a fermé fin mars 2015. Comme Roxanne Arsenault, experte du mouvement Tiki, on peut se demander ce qu’il adviendra de son patrimoine haut en couleur!

2 VOYAGER TOUT EN RESTANT CHEZ SOI

Pour les contempora­ins, le Kon Tiki, c’était du jamais vu! Après la Seconde Guerre mondiale, période d’austérité et de restrictio­ns, les Montréalai­s ont commencé à profiter de la vie. Manger dans un restaurant exotique à une époque où voyager était encore un luxe, voilà ce qu’offrait aussi cette ville ouverte à tous les plaisirs. Dans un lieu où tout rappelait l’océan et les tropiques, comment résister à l’envie d’un cocktail exotique au milieu des masques maoris, des lances de Nouvelle-Guinée et des statues Tiki? Dans un décor polynésien inspiré des production­s hollywoodi­ennes South

Pacific (1949) et Blue Hawaii (1961), sous l’effet d’un drink colo-ré et de l’éclairage tamisé des lampes en osier suspendues, l’illusion était garantie.

3 L’ASIE AU COEUR DE MONTREAL

Si on cherchait une Asie réelle au Tiki, propriété d’Occidentau­x, c’est dans son personnel de service qu’on le trouvait. Chinois, Vietnamien­s, Japonais et, plus rarement, Polynésien­s y travaillai­ent. Les Asiatiques pourtant bien présents dans la ville, y étaient peu nombreux. Prenons Douglas Chan, un serveur du Kon Tiki qui sera plus tard propriétai­re du Jardin Tiki. Originaire de Chine, il s’était joint dans les années 1950 à la petite communauté chinoise de moins de 3000 personnes. Fuyant les conflits et les famines causées par les guerres de l’Opium, la communauté s’était formée dans la deuxième moitié du 19e siècle. Frappés de taxes spéciales et ostracisés, les Chinois s’étaient tournés vers la blanchisse­rie, puis la restaurati­on et le petit commerce. À compter des années 1960, après l’ouverture du Canada aux non-européens, Montréal accueiller­a des milliers d’immigrants asiatiques fuyant, entre autres, les terribles conséquenc­es de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre froide et des conflits régionaux. Si le quartier chinois reste très animé, les Asiatiques ont migré dans tous les quartiers et en banlieue, ouvrant des commerces et des restaurant­s spécialisé­s pour le plus grand plaisir gustatif des Montréalai­s.

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