Les profs forcés de s’améliorer
En Ontario, les enseignants des classes faibles n’ont plus le choix : ils doivent se perfectionner
MISSISSAUGA | Les enseignants ontariens qui travaillent dans les écoles où les élèves ont les résultats les plus faibles sont désormais obligés de se perfectionner. Une situation qui explique en partie pourquoi la lutte contre le décrochage est plus efficace chez eux qu’au Québec.
Hier, Le Journal a levé le voile sur la recette du succès ontarien, qui a permis de faire passer le taux de diplomation de 68% à 84% en 10 ans. L’un des secrets de ce succès: la formation des enseignants.
« VRAIMENT IMPRESSIONNANT »
C’est ce qui a permis à l’école secondaire T. L. Kennedy, qui n’a pas toujours eu bonne réputation, d’améliorer considérablement les résultats de ses élèves en mathématiques.
«On ne dit pas aux profs qu’ils n’enseignent pas bien. On leur dit: “Voici des stratégies qui marchent, appuyées par la recherche, et on aimerait que vous les essayiez.” Et ça fait vraiment toute la différence», affirme le directeur adjoint de cet établissement de Mississauga, Brent Serebrin.
Un groupe de six enseignants se rencontre toutes les trois semaines, pendant une demi-journée, pour faire le point sur les difficultés des élèves et trouver comment les aider. Présentement, 95% des élèves de 9e et de 10e année obtiennent la note de passage, même si l’école est située en milieu défavorisé.
DU NOUVEAU TOUS LES MOIS
Cette formation, qui est obligatoire, est bien reçue par les enseignants, raconte Dolly Mehra.
«Au début, oui, c’était vu comme une autre chose qui s’ajoutait sur notre pile de choses à faire. Mais, ensuite, quand on s’est assis ensemble et qu’on a fait le travail, on a commencé à voir les résultats chez nos élèves. C’est vraiment impressionnant!» lance cette enseignante d’anglais qui n’a pas eu un échec dans sa classe depuis le début de ce programme de formation, il y a cinq ans.
Un programme semblable existe aussi pour des écoles primaires où les résultats des élèves sont plus faibles.
À l’école primaire Madoc Drive, située à Brampton, c’est la conseillère pédagogique Wendy Nearing, du conseil scolaire de Peel, qui anime les ateliers qui se déroulent pendant deux demi-journées, une fois par mois. «On demande aux enseignants d’essayer une nouvelle pratique tous les 30 jours», explique-t-elle.
La directrice de l’école, Claudine Scuccato, participe aussi aux formations. «L’idée, ce n’est surtout pas de blâmer les enseignants, mais d’apprendre tous ensemble», dit-elle.
CHANGER LA FAÇON D’ENSEIGNER
Et, visiblement, les profs ont répondu à l’appel. «J’ai appris plus cette année, avec les formations, que pendant les cinq dernières années, lance Don Campbell, qui enseigne depuis 15 ans. Ça nous permet de devenir de meilleurs enseignants et de développer une excellente collaboration entre nous.»
Sa collègue Pamela Morris renchérit: «En changeant ma façon d’enseigner, ça permet à mes élèves d’aimer les mathématiques, alors que c’était loin d’être le cas l’an dernier.»