Il veut retourner sur l’Everest
Se considérant chanceux d’être en vie, l’alpiniste retrouve ses proches après avoir vécu le séisme du Népal
Son projet de gravir l’Everest est passé du rêve au cauchemar lorsqu’un violent séisme a secoué le Népal. De retour à Montréal hier, un alpiniste québécois se pinçait encore d’avoir survécu à la catastrophe.
«Grimper sur l’Everest, j’en rêvais depuis que j’avais huit ans. Jamais je n’aurais pensé que ça aurait pris une tournure comme celle-là», raconte Nic Dumesnil, un athlète de 29 ans qui s’entraînait depuis des années pour gravir le Toit du monde.
Le jeune homme se dit «très chanceux» d’être sorti vivant du tremblement de terre d’il y a deux semaines. Deux heures avant le séisme, il était en train de traverser la fameuse cascade de glace du Khumbu, à 5484 m d’altitude sur l’Everest.
«J’ai probablement échappé de justesse aux avalanches», dit-il.
L’alpiniste venait tout juste d’arriver au camp 1 lorsque le séisme s’est produit.
PRIS AU PIÈGE
«Je suis sorti en catastrophe de la tente pour constater qu’un épais blizzard nous cachait complètement la vue, raconte-t-il. On entendait les avalanches s’approcher, mais on n’avait aucun endroit où aller. Notre camp était entouré de profondes crevasses.»
Nic Dumesnil et ses coéquipiers se sont alors réfugiés dans la tente où les sherpas préparaient les repas.
«Les sherpas se sont mis à prier. Parce qu’il n’y avait absolument rien d’autre à faire que d’espérer», confie M. Dumesnil.
Entouré de falaises et coincé au milieu d’un champ de crevasses, il a dû être évacué par hélicoptère de la montagne.
«Il a fallu 10 jours d’attente et six vols d’avion pour que je rentre au pays», raconte l’athlète, qui travaille comme comptable agréé.
SES PROCHES SOULAGÉS
Le jeune homme a été accueilli hier à l’aéroport Montréal-Trudeau par sa mère et son amoureuse, qui lui a sauté dans les bras dès qu’il a traversé les portes de sécurité.
«On a rapidement su qu’il avait survécu, mais comme il y avait de nouvelles avalanches chaque jour, c’était toujours à recommencer», confie sa mère Suzanne Dumesnil.
La copine de l’alpiniste, Annie-Claude Rochette, était déjà fébrile à l’idée de voir son amoureux partir escalader le plus haut sommet au monde, mais le séisme a décuplé son inquiétude.
«On sait que 3% des alpinistes qui font l’ascension de l’Everest meurent en cours de route, souligne-t-elle. C’est dur d’oublier une telle statistique!»
IL VEUT Y RETOURNER
Il reste qu’en dépit de la catastrophe qui a fait près de 8000 morts et des jours «éprouvants» qui ont suivi, Nic Dumesnil refuse d’écarter son rêve pour de bon.
«J’ai escaladé sept montagnes de plus de 5000 m pour me préparer à l’Everest, précise-t-il. Alors c’est certain que je n’en ai pas fini avec cette montagne-là!»