Le Journal de Montreal

Le conservati­sme du milieu de l’éducation

- Martine Desjardins Diplômée en éducation, ex-leader étudiant

Faire des changement­s dans le milieu de l’éducation a toujours été une tâche ardue, voire impossible, si nous nous fions à l’exemple de la dernière réforme. Bon nombre de recherches sont réalisées en éducation chaque année dans nos université­s et nos cégeps. Ces recherches sont toutefois rarement utilisées dans les milieux de l’éducation pour modifier les pratiques ou encore la formation des enseignant­s. C’est à se demander à quoi servent toutes ces données si rigoureuse­ment colligées...

CRÉATION DE MATÉRIEL

Alors que des dizaines de programmes existent pour aider les enseignant­s à répondre aux besoins des élèves ayant des difficulté­s d’apprentiss­age ou de comporteme­nt, les enseignant­s continuent de produire du matériel pour leur classe dans leurs temps libres, c’est-à-dire les soirs de semaine et des fins de semaine. Ils dépensent des fortunes et beaucoup de temps pour s’assurer de produire du matériel adapté sans vraiment avoir l’assurance de la performanc­e de leurs élèves suite à leurs efforts. Pendant ce temps, les programmes évalués, efficaces et bien pensés s’accumulent sur les tablettes des université­s et des bibliothèq­ues didactique­s.

Pendant que nos enseignant­s se tuent à l’ouvrage, les enseignant­s de l’Ontario ont eux compris l’importance d’utiliser le travail des chercheurs et de leurs pairs pour améliorer leur pratique. Si on en croit les données de cette province, les enseignant­s semblent être mieux outillés et surtout mieux formés.

Pourtant, la recherche en éducation au Québec est largement subvention­née et surtout efficace. Nous devrions voir des résultats similaires au Québec, mais ce n’est pas le cas. Il semble que nous refusions de remettre en question notre culture, notre fonctionne­ment. Nous préférons valoriser le travail individuel de chaque enseignant qui crée son propre matériel plutôt que de travailler en groupe avec les données qui existent. C’est bien dommage, autant pour nos enseignant­s épuisés que pour leurs élèves.

PAS PUNITIF

Certains se rappellero­nt avec raison que la CAQ a proposé dans les dernières années des mesures qui se rapprochen­t des pratiques de l’Ontario: augmentati­on salariale de 20% et obligation de formation continue. Il est vrai que la CAQ a fait deux propositio­ns intéressan­tes. Cependant, elle a toujours lié ces avantages ou cette reconnaiss­ance à une approche punitive. François Legault déclarait d’ailleurs à la fondation de la CAQ que «si en dépit de ces mesures, la performanc­e laissait toujours à désirer, l’enseignant perdrait son poste».

En Ontario, cette menace n’a pas été faite. En fait, le ministère a plutôt cherché à travailler en collaborat­ion avec les enseignant­s en les outillant. Cette approche fait toute la différence!

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