Livres Marie-Éva de Villiers, la reine des mots
Les éditions Québec Amérique présentent une refonte majeure pour la sixième édition du célèbre Multi dictionnaire de la langue française, qui vient tout juste d’arriver sur le marché. Des mots nouveaux comme égoportrait, carboneutralité et écoquartier y s
Facile à consulter, pratique, complet, le Multi est un dictionnaire polyvalent qui présente, dans l’ordre alphabétique, tous les renseignements utiles sur l’orthographe, la grammaire, la syntaxe, la typographie, les difficultés, les conjugaisons, les québécismes, les interférences entre le français et l’anglais, la correspondance. Il fournit un mode d’emploi complet pour connaître le bon usage du français au Québec.
«Ça fait un quart de siècle que j’y travaille!», note Marie-Éva de Villers, docteure en linguistique et auteure du Multi. «Le sujet est très vaste et on peut toujours l’enrichir, ajouter des explications. Il y a beaucoup de nouveaux mots qui surgissent, d’une édition à l’autre. La langue de l’informatique, la langue scientifique, les termes de l’écologie, de l’environnement envahissent la langue générale.»
«Il y a des mots qui ne pouvaient pas figurer dans la dernière édition, qui date de 2009, tout simplement parce que ces réalités n’existaient pas encore. Il faut les ajouter constamment. Je n’épuiserai jamais le sujet.»
En peu de temps, tout un nouveau vocabulaire s’est ajouté. «La langue plus contemporaine, celle de la fin du 20e siècle et du 21e siècle, est caractérisée par l’intégration dans la langue générale de mots spécialisés. Dans les nouveaux mots de cette édition, on a autopartage, carboneutralité, cliquable (un hyperlien), la dématérialisation, un écoquartier», énumère-t-elle. «Pour tous les utilisateurs, ces mots sont essentiels, même s’ils sont nouveaux.»
Réalités Récentes
Des nouvelles locutions sont également apparues: les ampoules à diodes électroluminescentes, les lanceurs d’alertes. «Toutes ces réalités sont récentes et il faut les inscrire dans un dictionnaire pour que les utilisateurs les retrouvent. Il y a 1500 nouveaux mots qui sont ajoutés depuis la cinquième édition et 1500 articles qui sont enrichis.»
Pour un étudiant, l’utilisation du Multi présente plusieurs avantages. «On a le droit, quand on est un élève qui passe l’examen du ministère, d’utiliser un ouvrage de référence. Le Multi est bien pratique parce que c’est 10 ouvrages en 1. Mon idée originale, c’était de donner un mode d’emploi complet sur l’utilisation de la langue.»
Construction
«Il y a d’autres dictionnaires qui sont excellents. Ils donneront l’orthographe et la catégorie grammaticale, mais ne donnent pas nécessairement la façon de construire le mot dans la phrase. Comment on conjugue les verbes irréguliers? Est-ce qu’on emploie le mode indicatif ou le mode subjonctif après tel verbe ou telle préposition?»
Marie-Éva de Villers note qu’au Québec, nous vivons dans un contexte où il y a beaucoup d’interrelations avec l’anglais. «Il y a des mots qui sont employés et qui semblent français, mais qui sont des anglicismes. Si les jeunes veulent écrire le mot “selfie” dans leur composition, c’est sûr que ce sera compté comme une erreur. Mais s’ils consultent le Multidictionnaire, dans sa nouvelle édition, le mot “selfie” y figure. Il est là. Mais il est précédé d’un astérisque, ce qui signifie que c’est une forme fautive. On aura, pour la forme correcte, autoportrait ou égoportrait.»
«Si l’élève veut mentionner “hashtag”, c’est mot-clic. S’il écrit “LOL” pour mort de rire... c’est MDR. “Buzz” devient battage médiatique. Les formes fautives sont signalées dans le Multi et renvoient à la forme correcte.»