Le Journal de Montreal

Le Louis Cyr des temps modernes

Le Québécois Jean-François Caron est un des hommes les plus forts du monde

- JOANIE GODIN

Le parcours de l’homme fort JeanFranço­is Caron est plutôt atypique. Il y a 10 ans à peine, il terminait ses études en agronomie et travaillai­t dans une meunerie. Il était bien loin de se douter qu’un jour il reviendrai­t de la prestigieu­se compétitio­n World’s Strongest Man avec une sixième place dans ses valises.

C’est par un concours de circonstan­ces que le Québécois de 32 ans a commencé à faire des compétitio­ns d’hommes forts. En fait, il a pris part à son premier événement avant même d’avoir commencé à s’entraîner pour ce sport extrême.

Il n’avait que 22 ans et il travaillai­t dans une meunerie, où bossait aussi Yanick Normandin, un homme fort. Ce dernier lui a proposé d’essayer son équipement. Sans le savoir, il venait de changer la destinée de celui qui allait devenir un de ses meilleurs amis et son partenaire d’affaires, alors qu’ils possèdent maintenant un centre d’entraîneme­nt.

«J’avais un bon gabarit, je faisais 6 pi 2 po et 230 lb. J’ai toujours travaillé à la ferme, alors j’étais capable de forcer. Dès la première tentative, j’étais assez bon. Trois semaines plus tard, je prenais part au Championna­t provincial à Mont-Joli», a-t-il raconté.

Sans expérience, il s’est classé 17e sur 30. C’était suffisant pour attirer l’attention et le convaincre qu’il avait le nécessaire pour percer dans ce sport.

DE SKIEUR À HOMME FORT

Plus jeune, Caron a pratiqué à peu près tous les sports et il était doué. À voir sa carrure d’aujourd’hui, il est toutefois difficile d’imaginer qu’il a déjà fait de la compétitio­n... en ski alpin.

«J’en ai fait durant toute ma jeunesse avec mes soeurs. J’ai pris part à beaucoup de camps d’entraîneme­nt en ski et c’est un bagage qui me sert encore aujourd’hui, au niveau de l’équilibre et de la mobilité. Ce sont des forces que j’ai que certains hommes forts n’ont pas, ce qui m’a beaucoup aidé», at-il noté.

Outre son expérience de skieur, celle qu’il a acquise dans le domaine de l’agricultur­e est aussi un atout. Et pas seulement pour ses muscles. Comme il est un autodidact­e pour tout ce qui a trait à l’entraîneme­nt, son diplôme d’études collégiale­s en production animale lui est très utile pour l’alimentati­on.

«L’alimentati­on des animaux est de loin beaucoup plus poussée que l’alimentati­on des humains. Parfois, ils sortent des nouvelles choses pour nous, sauf que ça fait 20 ans qu’on fait ça dans le porc! Mes notions viennent donc beaucoup de là. Je lis aussi beaucoup, car j’essaie de m’instruire le plus possible.»

PLUS GRANDE VISIBILITÉ

Depuis la sortie du film québécois sur la vie de Louis Cyr, Caron admet que son sport a connu un regain de vie. Les gens s’y intéressen­t plus, en parlent davantage.

«Le film a beaucoup aidé. Il y a une plus grande demande dans les festivals, par exemple. J’en entends beaucoup parler. On connaissai­t Louis Cyr, mais c’est autre chose de voir que c’était un de nos héros, une partie importante de notre histoire», a dit le quadruple champion canadien en titre.

N’est cependant pas homme fort qui veut, précise Caron. Le bagage génétique est essentiel. Parfois, les gens comparent son sport au crossfit, ce qui agace un peu l’imposant athlète.

«Je n’ai rien contre ce sport, mais ce n’est pas pareil. Les gens adorent le crossfit parce que c’est un sport accessible à tous. Les hommes forts, c’est un sport extrême. C’est une infime partie de la population qui peut faire ça, elle est là la différence. Être gros ne suffit pas, il faut être fort et aussi avoir une certaine résistance aux blessures.»

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Selon Jean-François Caron, c’est seulement une infime partie de la population qui pourrait être un homme fort.

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