Le Journal de Montreal

Elle rend les poupées moins sexy

Pour montrer la réalité aux jeunes filles

- Josée Hamelin

Une mère de famille transforme les figurines de type Barbie ou Bratz pour les rendre moins sexy afin de montrer la réalité aux jeunes filles.

«J’ai commencé à modifier des poupées lorsque ma fille de 13 ans s’est mise à se soucier de son apparence, explique Lizette Flores. Je regardais les poupées offertes aux jeunes filles de 9 ou 10 ans et je trouvais qu’elles étaient maquillées et habillées d’une façon qui ne reflète pas leur réalité.»

Cette mère de trois enfants considère que certaines poupées vendues aux petites filles ressemblen­t plus à des «party girls» qui se préparent à aller dans les bars qu’à des femmes «normales». Selon elle, il s’agit de modèles hypersexua­lisés auxquels les fillettes ne devraient pas s’identifier.

«Ce n’est pas comme ça dans la vraie vie, dénonce-t-elle. Il n’y a pas une mère de famille qui s’habille comme ça pour aller au bureau.»

UNE ÂME ET UNE COULEUR

La plupart des poupées commercial­es sont conçues à partir du même moule, souligne Mme Flores. Même si certaines ont la peau brune, elles ont rarement des signes distinctif­s, comme un nez plus large.

Sur internet, la résidente de Beloeil fait partie d’une communauté de 2000 personnes qui modifient des poupées. Jusqu’à présent, elle est la seule à leur donner une origine ethnique particuliè­re. Avec elle, le stéréotype de la Californie­nne aux yeux bleus en prend pour son rhume. Elle a déjà conçu une Cubaine, une Afghane, une Brésilienn­e et une Inuite.

Arrivée au Québec il y a huit ans en provenance du Mexique, Mme Flores a trouvé peu de diversité culturelle dans les figurines et jouets pour enfants. «Ces poupées, c’est un peu pour dire à mes enfants: “Regardez, vous avez le droit d’avoir votre propre identité”», signale-t-elle.

DES POUPÉES ÉCOLOS

Mme Flores s’approvisio­nne en poupées usagées dans les friperies, les marchés aux puces et auprès d’amis, ce qui évite que ces jouets aboutissen­t au dépotoir.

Après avoir donné plusieurs poupées, elle a démarré sa boutique en ligne, Pixan Dolls. En maya, pixan veut dire «qui apporte la vie au corps». En repeignant ces poupées, elle considère leur donner plus qu’une teinte: elle leur donne une âme.

Récemment, une poupée transformé­e par Mme Flores a trouvé preneur en Australie, où une enseignant­e l’a utilisée pour montrer la diversité à ses élèves.

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Lizette Flores transforme des poupées pour les rendre moins sexy. avant après
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Conceptric­e
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