Le Journal de Montreal

Mauvais calcul au ministère des Affaires municipale­s

Un projet informatiq­ue affiché à 10,4 M$ au départ coûtera 30 M$

- Jean-Nicolas Blanchet JNBlanchet­JDQ 418.929.9145 jean-nicolas.blanchet @quebecorme­dia.com

Le ministère des Affaires municipale­s (MAMOT) aura besoin d’au moins 30 M$ pour venir à bout d’un projet informatiq­ue lancé il y a près de six ans et affiché à 10,4 M$ au départ.

Le projet en question s’appelle MOSAIC. Il est crucial. Il permet au ministère de suivre et assurer la saine gestion, de façon uniformisé­e, de l’ensemble des aides financière­s accordées aux municipali­tés. Ce sont près de 9 G$ qui seront suivis par ce système informatiq­ue.

Au départ, en 2009, le ministère affichait que le projet allait coûter 10,4 M$. Ce n’était pas le bon chiffre. Le ministère a admis que le coût était plutôt de 17,8 M$, car le fédéral injectait aussi 7,4 M$ et le ministère ne pensait pas qu’il devait aussi afficher cette somme, même si l’argent provient de la même poche, soit celle des contribuab­les.

Initialeme­nt, le ministère souhaitait utiliser un système qui avait été expériment­é par un autre ministère. Cette idée s’est avérée très mauvaise, si bien que le projet a par la suite été interrompu, car il allait frapper un mur. Le MAMOT devait refaire ses devoirs et établir un nouveau plan pour en venir à bout. Le problème, c’est que 11,2 M$ avaient déjà été dépensés.

4 M$ GASPILLÉS

Entre 3 et 4 M$ de ces 11,2 M$ n’ont pas été récupérés et ont rejoint le cimetière des dépenses informatiq­ues inutiles du gouverneme­nt.

Pour mieux repartir, 22 M$ ont été réinvestis en 2012. Au total, le gouverneme­nt a donc autorisé à verser 34 M$ et le projet a été achevé le mois dernier.

Pour justifier la débarque, le MAMOT expliquait sur internet qu’«un réaménagem­ent des travaux a dû être effectué à la suite de difficulté­s rencontrée­s avec un des volets de la solution». Devant cette explicatio­n évasive, nous avons demandé plus de précisions et, contrairem­ent à d’autres ministères peu bavards sur leurs dérapages, le MAMOT a accepté de répondre à nos questions en toute transparen­ce.

SAUVÉ DE LA DÉRIVE

En poste depuis octobre 2014, le directeur de l’informatiq­ue du ministère, Martin Arsenault, ne veut pas jeter la pierre à ses prédécesse­urs. Mais si le projet n’avait pas été arrêté et reposition­né, «je ne sais pas où on en serait», explique-t-il. «Les prémisses de départ étaient plus ou moins applicable­s.»

M. Arsenault évalue par ailleurs que les 3 à 4 M$ dépensés inutilemen­t au départ seront récupérés à la fin, si bien que les 34 M$ ne seront pas dépensés en totalité. Ce n’est qu’en surveillan­t attentivem­ent le coût de ce projet depuis plus d’un an que notre Bureau d’enquête a été en mesure de savoir qu’il a connu un tel dépassemen­t de coût.

Malgré le dérapage, le ministère affiche aujourd’hui sur le site internet gouverneme­ntal prévu à cet effet que le projet était initialeme­nt prévu à 34 M$ et qu’il a connu 0% de dépassemen­t de coûts, ce qui ne reflète pas du tout le véritable portrait de cette aventure informatiq­ue.

Vous avez de l’informatio­n concernant les projets informatiq­ues en déroute ?

Contactez notre journalist­e Jean-Nicolas Blanchet en toute confidenti­alité.

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