Le Journal de Montreal

De multiples cas de négligence

Les rapports du MAPAQ révèlent plusieurs cas de maltraitan­ce animale préoccupan­ts

- Héloïse Archambaul­t HArchambau­ltJDM heloise.archambaul­t @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8038

Alcool pour abreuver les chiens, bêtes mal nourries, chiots éliminés à coups de roche: la réputation du Québec comme champion de la maltraitan­ce animale semble justifiée, si l’on se fie à de troublants rapports d’enquêtes du MAPAQ.

Au total, 50 propriétai­res d’animaux – surtout de chiens et de chats – ont été mis à l’amende depuis trois ans, révèlent des documents du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ), obtenus grâce à la Loi d’accès à l’informatio­n.

Malgré la gravité de certains gestes, le montant total de ces amendes n’atteint que 55 550 $. Toutes les sortes d’installati­ons ont été visées par les enquêtes: animalerie­s, refuges, éleveurs, etc.

À plusieurs endroits, les inspecteur­s ont dû avoir recours à la police pour procéder aux inspection­s puisque les propriétai­res entravaien­t leur travail.

Quelques cas relevés par les enquêteurs sont d’ailleurs préoccupan­ts.

Par exemple, Simone Boutin, propriétai­re d’un élevage canin à Saint-Elzéar, a indiqué qu’en hiver elle met «de la boisson alcoolisée dans l’eau des chiens pour éviter qu’ils attrapent la grippe», lit-on dans un rapport.

Ailleurs, certaines bêtes négligées étaient carrément privées d’eau ou de nourriture.

«Pas d’eau? C’est le minimum, déplore Katherine MacDonald, porte-parole de la Société de protection des animaux (SPA). C’est sûr que ça nous écoeure. Mais, malheureus­ement, ça ne nous surprend pas.»

AMPUTÉ DE 1 MILLION $

«Si on veut que ça s’améliore, il faut investir. Et ça prend une responsabi­lité civile du gouverneme­nt», ajoute-t-elle.

Or, dans son dernier budget, Québec a amputé le budget d’inspection en bienêtre animal du MAPAQ de 1 million $.

Interrogée à ce sujet, la direction des communicat­ions du ministère ne pouvait préciser si les inspection­s sur le terrain seront touchées par cette coupe.

En ce moment, la fréquence des inspection­s est basée sur le niveau de risque, lié au nombre d’animaux présents, et sur les plaintes.

Conseiller en bien-être animal au MAPAQ, Cédric Paré indique qu’il existe deux types de propriétai­res: les éleveurs et les collection­neurs, soit les personnes souffrant du syndrome de Diogène qui accumulent les animaux.

«Quand il y a 25 chats dans une maison, ça peut se dégrader rapidement. Oui, on s’occupe des animaux, mais aussi des humains et de leur santé mentale», illustre-t-il.

LA « PIRE PROVINCE »

Dans d’autres cas, des propriétai­res avaient des centaines de chiens sous leur responsabi­lité. Pour Mme MacDonald, il s’agit alors clairement d’usines à chiots.

«Les propriétai­res savent que ce n’est pas correct ce qu’ils font, mais c’est payant. Tant que les gens vont acheter dans les animalerie­s, ils vont continuer, croit-elle. Au Québec, on est la pire province par rapport à ça.»

Les propriétai­res mis à l’amende font pourtant l’objet de suivis sur plusieurs années et ils ont souvent reçu plus d’un avertissem­ent avant d’avoir une amende.

«L’objectif est de changer les habitudes, pas de mettre les gens derrière les barreaux», précise M. Paré.

Tout propriétai­re de 15 animaux et plus doit obtenir un permis annuel du MAPAQ, mais il n’y a aucune limite. Une quinzaine d’employés du MAPAQ sont attitrés au bien-être animal.

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Le propriétai­re Raynald Fortin a assuré que ses animaux étaient bien traités, mais il a avoué avoir tué des chiots nouveau-nés parce qu’il n’en voulait pas.
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