De multiples cas de négligence
Les rapports du MAPAQ révèlent plusieurs cas de maltraitance animale préoccupants
Alcool pour abreuver les chiens, bêtes mal nourries, chiots éliminés à coups de roche: la réputation du Québec comme champion de la maltraitance animale semble justifiée, si l’on se fie à de troublants rapports d’enquêtes du MAPAQ.
Au total, 50 propriétaires d’animaux – surtout de chiens et de chats – ont été mis à l’amende depuis trois ans, révèlent des documents du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), obtenus grâce à la Loi d’accès à l’information.
Malgré la gravité de certains gestes, le montant total de ces amendes n’atteint que 55 550 $. Toutes les sortes d’installations ont été visées par les enquêtes: animaleries, refuges, éleveurs, etc.
À plusieurs endroits, les inspecteurs ont dû avoir recours à la police pour procéder aux inspections puisque les propriétaires entravaient leur travail.
Quelques cas relevés par les enquêteurs sont d’ailleurs préoccupants.
Par exemple, Simone Boutin, propriétaire d’un élevage canin à Saint-Elzéar, a indiqué qu’en hiver elle met «de la boisson alcoolisée dans l’eau des chiens pour éviter qu’ils attrapent la grippe», lit-on dans un rapport.
Ailleurs, certaines bêtes négligées étaient carrément privées d’eau ou de nourriture.
«Pas d’eau? C’est le minimum, déplore Katherine MacDonald, porte-parole de la Société de protection des animaux (SPA). C’est sûr que ça nous écoeure. Mais, malheureusement, ça ne nous surprend pas.»
AMPUTÉ DE 1 MILLION $
«Si on veut que ça s’améliore, il faut investir. Et ça prend une responsabilité civile du gouvernement», ajoute-t-elle.
Or, dans son dernier budget, Québec a amputé le budget d’inspection en bienêtre animal du MAPAQ de 1 million $.
Interrogée à ce sujet, la direction des communications du ministère ne pouvait préciser si les inspections sur le terrain seront touchées par cette coupe.
En ce moment, la fréquence des inspections est basée sur le niveau de risque, lié au nombre d’animaux présents, et sur les plaintes.
Conseiller en bien-être animal au MAPAQ, Cédric Paré indique qu’il existe deux types de propriétaires: les éleveurs et les collectionneurs, soit les personnes souffrant du syndrome de Diogène qui accumulent les animaux.
«Quand il y a 25 chats dans une maison, ça peut se dégrader rapidement. Oui, on s’occupe des animaux, mais aussi des humains et de leur santé mentale», illustre-t-il.
LA « PIRE PROVINCE »
Dans d’autres cas, des propriétaires avaient des centaines de chiens sous leur responsabilité. Pour Mme MacDonald, il s’agit alors clairement d’usines à chiots.
«Les propriétaires savent que ce n’est pas correct ce qu’ils font, mais c’est payant. Tant que les gens vont acheter dans les animaleries, ils vont continuer, croit-elle. Au Québec, on est la pire province par rapport à ça.»
Les propriétaires mis à l’amende font pourtant l’objet de suivis sur plusieurs années et ils ont souvent reçu plus d’un avertissement avant d’avoir une amende.
«L’objectif est de changer les habitudes, pas de mettre les gens derrière les barreaux», précise M. Paré.
Tout propriétaire de 15 animaux et plus doit obtenir un permis annuel du MAPAQ, mais il n’y a aucune limite. Une quinzaine d’employés du MAPAQ sont attitrés au bien-être animal.