Au royaume des aveugles, les borgnes sont… malheureux

Mon nom est Barnave André. Je suis médecin de famille. Né en Haïti, j’ai grandi à Montréal-Nord. J’ai vécu le déracinement de l’exilé. J’ai aussi vécu la discrimination du Québec de la fin des années 1970 et celui de l’après-référendum, lorsque Parizeau a laissé entendre que les immigrants et leur vote ethnique avaient brisé le rêve de souveraineté des Québécois (sans mentionner que la ville pure laine de Québec avait voté majoritairement contre la souveraineté).

Comme beaucoup de travailleurs et la plupart de mes collègues médecins, j’ai travaillé malgré les blessures, la maladie, le deuil et j’ai mis mon intégrité physique et mentale en danger pour soigner et traiter mes patients. Je n’ai jamais demandé de l’admiration. La seule chose que j’ai toujours voulue, c’est d’être traité avec respect, comme un ami loyal qui vous veut du bien. Ce respect qui m’était refusé sur les bancs d’école parce que j’étais noir et «bolé».

J’ai connu bien des bullies dans ma vie, mais aucun d’aussi méprisable que monsieur Couillard et son ministre de la santé. Ces mêmes médecins qui, malgré le pouvoir qu’ils détenaient (en tant qu’ancien ministre de la Santé et comme ancien président de la Fédération des médecins spécialistes), ont échoué à améliorer l’accès à une médecine de qualité ne sont pas là pour vous. Ils font ce qu’ils ont toujours fait: mentir et abuser de leur pouvoir afin d’imposer leur volonté. Je suis terrifié à l’idée de donner encore plus de pouvoirs à Barrette. Le projet de loi 20 fait de lui le ministre le plus puissant de l’histoire. Il n’aura plus besoin de négocier avec qui que ce soit pour imposer ses vues. Il pourra unilatéralement déterminer toutes les conditions de travail des médecins, leur rémunération et même qui a le droit de les représenter.

Personne, dans une démocratie, ne devrait détenir un tel pouvoir. Maintenant, rappelez-vous comment il a abusé des pouvoirs que lui conférait le projet de loi 10. Voulez-vous vraiment lui donner plus de pouvoirs?... Quand avez-vous vu un politicien assoiffé de pouvoir y renoncer? Croyez-vous vraiment que les pouvoirs qu’il se donne resteront uniquement entre ses mains et que les autres ministres n’en voudront pas aussi? Vraiment?... Si la parole est d’argent, en cette ère d’austérité imposée, le silence coûte trop cher.

Dr Barnave André, MD